Des lendemains peu sûrs – L’édito de Patrice Chabanet
Tout a été dit, analysé, disséqué. Des plans ont été tracés. Des prévisions ont été faites avec force détails. Rarement conflit n’aura été autant examiné. Et, pourtant, la guerre d’Ukraine nous réserve des surprises, excroissances naturelles des incertitudes. Jusqu’à il y a quelques semaines, la victoire de Zelenski paraissait assurée et la défaite russe consommée. Et puis le front s’est stabilisé et le doute s’est installé. Avec un méchant constat : l’armée russe recommence à grignoter du terrain. A la différence du Kremlin et de sa logorrhée de propagande, Kiev concède que « cela devient difficile » et que la guerre risque de durer plusieurs mois, plusieurs années peut-être.
Les propos officiels noircissent probablement le tableau à dessein. Face à des Occidentaux, à commencer par les Allemands, qui hésitent à fournir des chars lourds les autorités ukrainiennes se sentent en effet obligées de tirer la sonnette d’alarme. Avec des statistiques percutantes : chaque jour de retard dans la livraison des chars, ce sont des centaines de morts et de blessés de plus. Or la Russie a tout intérêt à jouer l’allongement du conflit, histoire d’épuiser l’ennemi.
Il semblerait, pour le dire avec prudence, que l’Occident veuille éviter le piège de l’enlisement. Les Leopard pourraient sortir de leurs boîtes dans les prochains mois. D’où la crainte, chez certains, que l’ours russe ne se déchaîne. C’est un risque qu’on ne peut pas occulter. Un risque qu’on doit pourtant assumer. Sinon, d’autres pays seront sur la liste. On le sent déjà avec l’activation d’un nouveau front dans les Etats baltes.