Relance du Scot : les élus restent sur leur faim
Jeudi 19 janvier, le Syndicat mixte du Nord Haute-Marne réunissait les élus du secteur, à Wassy, pour relancer l’élaboration du Scot (Schéma de cohérence territoriale). Mais la présentation proposée ne les a pas convaincus. C’est le moins que l’on puisse dire…
Les retrouvailles, ce n’est pas toujours facile. Le Syndicat mixte du Nord Haute-Marne en a fait l’expérience, jeudi 19 janvier, à Wassy. Dans le but de relancer l’élaboration du Schéma de cohérence territorial (Scot), après une interruption due à la Covid, une soixantaine d’élus participaient à un séminaire à Wassy.
Une soirée au cours de laquelle ils ont assisté à l’exposé de représentants des bureaux d’études Citadia et Aire Publique, qui accompagnent le Syndicat dans l’élaboration du Scot. Une longue, très longue, présentation autour du thème retenu pour ce premier séminaire, les enjeux climatiques, et un monotone cours magistral sur le dérèglement climatique, ses impacts possibles sur le Nord Haute-Marne et des solutions à y apporter, qui n’a semble-t-il pas convaincu.
« J’ai l’impression que la messe est dite »
« J’ai l’impression que ce qui est proposé ne correspond pas à notre territoire », a lancé Virginie Gérévic, maire d’Eurville et vice-présidente de l’Agglo. « Quand je vous entends, j’ai l’impression que la messe est dite », a renchéri Didier Landry, maire de Rachecourt-sur-Marne, qui a surtout senti que le Scot favoriserait les bourgs-centres. « Si vous continuez comme ça, il n’y aura plus de villages. Sachez que des artisans, comme toute une population, souhaitent aujourd’hui vivre dans la ruralité. »
“A côté de la plaque”
Un sentiment d’être “à côté de la plaque” partagé par Eric Krézel, maire de Ceffonds : « Le diagnostic réalisé en 2019 a très mal vieilli. On repart des pôles d’attractivité, alors que 88 % de notre territoire, ce sont des villages. Il ne faut pas forcément tout déchirer et recommencer, mais il y a une vraie réflexion à avoir sur les gens qui quittent les villes pour la campagne. » Pire, la présentation en a même effrayé certains, à l’image de cet élu : « Je pense qu’on devrait partir des atouts de notre territoire et pas de ses points négatifs, comme vous l’avez fait. Avec ce que je viens d’entendre, j’ai envie de déménager ! »
« C’est nous qui allons bâtir ce projet de territoire »
Face à cette levée de bouclier, Franck Raimbault, le nouveau président du Syndicat mixte, a tenté de clarifier les choses. « On ne s’est pas compris, là. Le rôle du cabinet n’est pas de nous dicter quoi que ce soit. La messe n’est pas dite. C’est nous qui allons bâtir ce projet de territoire. Oui, on a des contraintes dictées par la loi et on ne va pas pouvoir faire ce que l’on veut en matière de foncier ou de gaz à effet de serre. Mais notre rôle d’élu est de tracer cette trajectoire pour 2040. A nous de nous retrousser les manches. A nous d’être imaginatifs et de savoir ce qu’on veut pour notre territoire. »
Approbation prévue en 2025
« On a une image un peu administrative du Scot, mais c’est une chance pour nous », a complété Yves Chauvelot, vice-président du Syndicat mixte. « On nous demande de travailler sur notre vision de notre territoire dans 20 ans. Pour une fois, ça ne tombe pas tout prêt d’en haut… »
Tout au long de l’année 2023, les élus seront invités à participer à des ateliers de travail, avant une phase de concertation et d’enquête publique, qui doit permettre, en 2025, d’approuver ce Schéma de cohérence territoriale. Mais au vu de cette première soirée, où les élus n’ont pas appris grand-chose et ont eu l’impression que tout était décidé d’avance, bref, d’avoir perdu leur temps, le Syndicat mixte va devoir faire preuve de pédagogie pour les faire revenir, s’il veut tenir le calendrier fixé…
P.-J. P.
C’est quoi le Scot ?
Schéma de cohérence territorial, ou Scot pour les intimes. Derrière ce nom barbare se cache pourtant un document très important. « Le Scot définit un projet stratégique pour notre territoire, afin de répondre aux besoins immédiats et futurs de la population », explique Franck Raimbault, président du Syndicat mixte du Nord Haute-Marne, chargé de son élaboration. Multithématique, il aborde aussi bien les questions de logement, de mobilité, de formation, de commerce, d’emploi, de nature, d’environnement, de tourisme…
Mais le Scot est avant tout un document d’urbanisme. C’est lui qui fixe les grandes règles qui rendront possibles ou non les futurs aménagements. Les plans locaux d’urbanisme intercommunaux devront d’ailleurs suivre ses prescriptions à la lettre. Si un projet de construction, quel qu’il soit, ne correspond pas aux critères fixés dans le Scot, il n’obtiendra pas de permis de construire et ne pourra donc jamais se concrétiser.