Préparer la guerre – L’édito de Patrice Chabanet
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 400 milliards d’euros seront alloués à la Défense pour la période 2024-2030. Une hausse de 30 % par rapport à la précédente loi de programmation militaire. L’annonce a été faite par Emmanuel Macron, chef des armées. Visiblement, la guerre d’Ukraine est passée par là. Pas d’état d’âme pour assurer la défense de nos intérêts dans un monde devenu dangereux, à la merci d’une escalade meurtrière. Or, c’est bien connu, si tu veux la paix tu prépares la guerre.
Pour une fois, pas de protestation interne contre ce qui constitue, n’ayons pas peur des mots, un réarmement de la France. Le danger ne vient plus seulement du terrorisme international enraciné en Afrique, mais d’une grande puissance, la Russie, qui a décidé d’envahir sa voisine, l’Ukraine. La guerre de haute intensité est devenue la règle du jeu. A nos portes.
Pas de renforcement de notre dispositif militaire sans les capteurs du renseignement en amont. D’où une progression de 60 % du budget dédié à cette fonction. Objectif assigné par le chef de l’Etat : « avoir une guerre d’avance ». Une façon d’éviter un remake de 1940. Contrairement aux apparences l’armée française était en capacité de contenir son homologue allemande. Mais notre renseignement s’était totalement fourvoyé sur les intentions de l’ennemi et, surtout, sur ses plans d’attaque.
Les Etats-Unis nous ont donné une belle leçon. Au kilomètre et au jour près ils ont annoncé le déroulé de l’attaque russe contre l’Ukraine. L’effet surprise n’a donc pas joué. Les Ukrainiens ont pu inverser le cours d’un récit annoncé.