Sur des braises – L’édito de Christophe Bonnefoy
Une seule chose était à peu près certaine, à quelques heures du mouvement contre la réforme des retraites : la mobilisation promettait d’être importante. Très importante, si l’on en croit les syndicats. On verra bien. Mais si l’on égrène les secteurs qui ont annoncé vouloir mener la contestation, il y a tout pour mettre en branle une action qui s’apparentera à un blocage monstre. Transports, santé, enseignement, raffineries, énergie… chacun a la capacité de faire concrètement entendre sa voix par un pouvoir que le gouvernement qualifiera “de nuisance”.
C’est d’ailleurs là que le bât blesse, aux yeux de l’exécutif. Manifester, oui, bloquer, non. On comprend bien le message.
On pourrait bien sûr, dès ce jeudi soir, avoir une idée du degré de colère des Français. Sur la réforme des retraites bien sûr, sur tout le reste également. Comme la traduction d’un ras-le-bol généralisé qu’on a trop longtemps contenu. Mais cette unique journée ne sera qu’un marqueur, sans grande conséquence, dans l’immédiat, pour Emmanuel Macron. Succès des manifs ou pas, le projet de réforme est sur les rails. Et le gouvernement ne semble pas vouloir lâcher grand-chose, sauf à modifier à la marge son projet dans le cadre de négociations extrêmement serrées.
Le danger est ailleurs. Dans les suites qui seront données au mouvement. L’action d’un jour donnera le ton. Les jours d’après, eux, nous feront peut-être entrer dans le dur et pourraient faire marcher le gouvernement sur des braises. Au 19 janvier les slogans. Aux 20, 21, 22… peut-être, des secteurs entiers à l’arrêt. Et pas des moindres. De ceux qui s’avèrent essentiels pour notre quotidien. Et en période de crise, les blocages pourraient venir mettre un coup de canif supplémentaire à notre économie. Précisément ce que le chef de l’État veut sans doute éviter.