Léonce de Piépape, l’historien du Pays de Langres

CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Denis Diderot, Jeanne Mance, Sabinus, Michel-Henry… Des Langrois, au fil des siècles, ont su marquer l’Histoire de leur empreinte. Mais, à côté de ces héros incontournables, ils ont été nombreux à avoir une grande carrière dans leur domaine, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Ce sont “les illustres inconnus de Langrois”. Aujourd’hui, Léonce de Piépape.

Notre « Illustre inconnu » du jour détonne quelque peu par rapport aux personnages historiques habituellement croqués dans la présente rubrique. La raison en est simple : l’enfant du pays n’a, une fois n’est pas coutume, guère vogué vers d’autres cieux. Léonce de Piépape n’a quitté le Pays de Langres que pour accomplir sa carrière militaire, qui est la première de ses deux vies. Il est ensuite revenu habiter en terre langroise, qu’il ne quittera plus. Il y intensifiera alors sa seconde vie, la plus intéressante : celle d’historien, aussi bien sur des sujets d’ordre national qu’au niveau local, ce qui lui vaudra la reconnaissance de ses pairs.

Léonce de Piépape est né à Langres en 1840. Il est le fils de Charles de Piépape, un peintre langrois honorablement connu à son époque, et qui avait notamment fait don au musée Saint-Didier de son tableau Sainte Elizabeth de Hongrie. Léonce de Piépape, pour sa part, se destine tout d’abord à la carrière militaire. Sorti de l’école de Saint-Cyr en 1860, il officie ensuite, au sein de l’armée impériale de Napoléon III, lors de la campagne d’Algérie. Il participe à la funeste et bien connue bataille de Sedan (1870), durant laquelle il est blessé et fait prisonnier.

Prix de l’Académie française en 1881

Désoeuvré à l’occasion de sa captivité, il prend alors le temps de s’adonner à son autre passion, l’Histoire, et commence à rédiger une « Histoire de la Franche-Comté », dont il poursuivra la rédaction après sa libération, tout en menant de front sa carrière militaire. Publiée en 1881, la somme est d’emblée un grand succès puisqu’elle est couronnée du Prix de l’Académie française, qui loue la minutie de ses recherches historiques.

Enhardi par cette reconnaissance – alors qu’il n’est qu’historien amateur – Léonce de Piépape va ensuite multiplier les ouvrages historiques, surtout après sa retraite (il est alors général de brigade) en 1899. Ses travaux portent aussi bien sur des personnalités nationales – sa « Duchesse du Maine, reine de Sceaux et conspiratrice (1676 – 1753) » fait par exemple toujours autorité de nos jours concernant l’épouse violente et fantasque du duc de Maine, bâtard légitimé de Louis XIV – que sur l’Histoire locale (avec, par exemple, une « Histoire militaire du Pays de Langres et du Bassigny »).

Revenu en terre langroise, il possède un temps l’hôtel particulier de la rue Roger, qui porte aujourd’hui son nom (« Hôtel de Piépape »). Investi dans la vie locale, il est notamment une figure éminente de la Société historique et archéologique de Langres. Il se retire, pour ses dernières années, à… Piépape, où il meurt en 1925.

Nicolas Corté

n.corte@jhm.fr