Un mouvement d’ampleur contre la réforme des retraites ce jeudi
La « contre-réforme des retraites » comme le décrit affectueusement Eric Bardot, de Sud Education, a eu le mérite de rassembler tous les syndicats locaux. Outre le premier nommé, on peut citer la CGT, la CFDT, FO, la FSU, la CFTC, l’Unsa et CFE-CGC. « Nous étions déjà prêts en novembre », confie Jean-Luc Amelon, sympathisant. En témoigne la banderole sur laquelle le chiffre 5 a été effacé au profit d’un 4 (65 ans, c’était l’âge de départ prévu initialement).
Mouvement d’ampleur
Tous sont prêts à battre le fer, ce jeudi 19 janvier. Comme dans de nombreux endroits en France, Saint-Dizier sera le théâtre d’une mobilisation qui partira de l’hôtel de ville. Environ 1 500 personnes sont attendues, de quoi rappeler celle du 5 décembre 2019 (lire l’encadré). La réforme avait finalement été avortée : « Le mouvement était historique dans son ampleur. Mais là, ça va être beaucoup plus puissant », estime Eric Bardot, professeur au collège Anne-Frank.
Les syndicalistes locaux évo-quent plusieurs arguments en défaveur de cette réforme. A commencer par la durée d’allongement : « On est passé de 55 à 64 ans en quelques années, en expliquant que l’espérance de vie augmente. Mais elle n’a jamais augmenté de neuf ans dans le même temps », explique Manuel Porcar, secrétaire général de l’Union locale CGT. William Olivo, secrétaire FO de l’Union des syndicats de la métallurgie, prend l’exemple de son domaine : « Faire deux ans de plus, c’est impossible et ce n’est pas une question de volonté. Il y a des trous dans la raquette, la pénibilité n’a pas été prise en compte. »
Autre conséquence liée à l’âge, le taux d’emploi des seniors. Avec ce recul, les plus de 55 ans seront-ils davantage plébiscités par les entreprises ? Pour Manuel Porcar, le problème est pris à l’envers : « Avec la retraite à 60 ans, il y a plus d’emplois pour les jeunes, donc plus de cotisations qui rentrent pour payer les retraites. » L’argument financier avancé par le gouvernement ne passe pas non plus : « C’est toujours aux mêmes de devoir se serrer la ceinture », constate amèrement Benjamin Cabartier, secrétaire de l’Union locale des CGT Cheminots. Pour trouver le budget, certains suggèrent de regarder du côté des exonérations patronales.
Appel à la grève
Un appel national à la grève a été lancé. Comme le rappelle Régis Chompret de la CFDT, « c’est un droit inscrit dans la Constitution ». D’autant que dans le privé, il n’y a pas besoin de préavis : « Il suffit de deux personnes pour en lancer une », appuie Benjamin Cabartier.
Enseignant en primaire à Saint-Dizier et secrétaire FSU, Edouard Gonzalez attend pas mal de grévistes : « Nous sommes à 40 % au niveau départemental et nous espérons atteindre les 50-60 % dans l’Education nationale. » C’est le cas par exemple à l’école Charles-Péguy. De son côté, Eric Bardot confie connaître certains membres de direction qui seront également de la partie.
Chez les cheminots, justement « on attend la retraite à 55 ans, à 50 ans pour les roulants », clame Benjamin Cabartier. Au site EIV, 50 à 60 % de grévistes sont attendus (sur 238 salariés). Les actions vont débuter dès 7 h du matin. Dans la matinée, les cheminots effectueront un parcours, du site EIV jusqu’au rond-point de Marnaval, sans oublier le centre-ville. Des tractations auront lieu autour de la gare, tandis que l’intersyndicale sera présente devant le centre hospitalier André-Breton, avant le rassemblement de 17 h.
Louis Vanthournout
Rassemblement jeudi 19 janvier à 17 h, place de la mairie.
Les retraites, un sujet qui mobilise
Historiquement, les sujets autour de la retraite ont toujours mobilisé à Saint-Dizier, notamment durant les périodes de réforme.
Le 5 décembre 2019, plus d’un millier de personnes s’étaient réunies place de l’Hôtel-de-Ville après une journée riche en actions. En sachant que des mobilisations avaient lieu à proximité, comme à Joinville. Résultat, la réforme a été reportée à janvier 2023.
Le 23 septembre 2010, ils étaient presque 2 000 dans les rues bragardes pour dire non au repoussement de l’âge légal de départ à la retraite de 60 à 62 ans. La réforme menée par Eric Wœrth contenait également le passage de 65 à 67 ans où la décote ne s’appliquait plus.
Le 13 mai 2003, près de 1 500 personnes ont défilé à Saint-Dizier. Il s’agissait à l’époque de la réforme Fillon, dont la principale mesure était d’allonger la durée de cotisation nécessaire pour prétendre à une retraite à temps plein. La durée des fonctionnaires a notamment été alignée sur celle des salariés du privé, passant progressivement de 37,5 à 40 années (en 2008).
social. Contre la réforme des retraites, une grosse journée de mobilisation s’annonce ce jeudi 19 janvier. Outre un rassemblement en fin de journée, plusieurs syndicats seront mobilisés dès la matinée pour exprimer leur désaccord et sensibiliser les citoyens le plus possible.