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tribunal judiciaire de Chaumont

« Amour pathologique » et violences conjugales à Langres

tribunal judiciaire de Chaumont

Il est des situations irréversibles. Parfois, condamner, accompagner, ou pire, enfermer, est vain. Condamné à trois reprises pour des violences conjugales, un trentenaire a une fois de plus imposé son infériorité, le 1er janvier 2023, à Langres.

Une voisine aura eu le courage de prendre contact avec la gendarmerie de Langres afin de faire part de ses doutes. Des doutes criant au visage, un visage tuméfié. Le 2 janvier 2023, la compagne de Jean-Charles V. confiait aux gendarmes avoir été frappée. Une interdiction d’entrer en contact avec madame visait monsieur suite à une précédente condamnation. La mesure de protection arrivait à son terme le 30 décembre 2022. Quelques heures plus tard…

Place à la version du prévenu. Des déclarations témoignant de cette misère qu’on ne veut pas voir. « Nous avions prévu de nous remettre ensemble, nous avons fêté le Nouvel An, nous avons bu, mais je n’ai mis aucun coup. (…) Les traces sur ses genoux, c’est quand nous faisons l’amour sur le canapé. (…) Elle avait bu, elle a vomi dans le lit, je l’ai poussée et elle est tombée entre le lit et le mur. (…) Ensuite, elle s’est fait dessus sur le canapé, je l’ai à nouveau poussée. Le lendemain, j’ai vu des traces sur son visage. (…) Je n’ai pas voulu lui faire de mal, c’est l’amour de ma vie », déclara le compagnon d’une femme un temps accueillie, à Saint-Dizier, au sein de la structure SOS Femmes Accueil.

« Elle a quitté le foyer, elle a été séquestrée par un homme, ça peut expliquer certaines traces », soutint Jean-Charles V. avant, preuve d’une forme de prise de conscience, un mince espoir, de faire état d’un « amour pathologique ». « Il faut qu’elle s’en aille ou que je m’en aille, j’ai grandi dans la violence et dans l’alcool, je n’ai pas envie de reproduire ça, il faut que ça s’arrête ».

Tout en refusant de voir un médecin, tout en refusant de se constituer partie civile, la victime aura répété aux gendarmes avoir été poussée, certes, faits constitutifs du délit de violence sur conjoint, mais également avoir été frappée.

Cœur et poings

La justice avait veillé à éloigner homme et femme. Monsieur aura reconnu avoir violé une interdiction d’entrer en contact. « Elle venait dormir sur le palier, ça me faisait mal au cœur, je la laissais entrer ».

Jean-Charles V. ferait parler son cœur. Monsieur fait surtout parler ses poings. Le prévenu a été condamné à trois reprises, en décembre 2019, février 2020 et novembre 2021, pour des violences conjugales visant une seule et même victime.

Jean-Charles V. a été accompagné, des obligations de soins ont été ordonnées, monsieur a continué de frapper, encore et encore, la justice a haussé le ton, preuve de la complexité des mécanismes observés en matière de violences conjugales. Des incarcérations particulièrement mal vécues par le prévenu n’auront pas freiné les malsaines ardeurs d’un multirécidiviste. Un homme peinant à assumer ses failles aux yeux de l’accusation. « Monsieur est dans le déni, il refuse d’admettre sa violence, madame ne cherche pas à l’enfoncer, mais elle parle clairement de coups. Le problème, c’est lui, le risque de réitération des faits est évident », tonna le procureur Djindian.

« Monsieur n’a pas voulu faire de mal à madame, pousser quelqu’un, c’est une violence, monsieur a du mal à le comprendre et à l’accepter, nous n’avons pas tous les mêmes capacités de raisonnement », nuança Me Merger au nom du prévenu.

Alors, que faire ? Prononcer une énième interdiction de contact entre deux majeurs heureux dans leur malheur, deux majeurs otages d’une précarité affective et sociale ? La décision tomba. Douze mois de prison ferme, avec maintien en détention. Charge à un juge d’application des peines de décider « d’un éventuel aménagement de peine et d’une éventuelle interdiction de contact ». La décision tombée, une question du condamné renvoyait à une forme de fatalité. « Je peux lui écrire ? »

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