Parc national :  » un joyau naturel déconsidéré « 

Tribune. Premier vice-président du Parc National et maire d’Auberive, par ailleurs propriétaire de l’abbaye de ce même village, Jean-Claude Volot s’exprime sur la nécessaire prise de conscience de l’importance du Parc pour l’ensemble du secteur concerné.

« A entendre les commentaires, à constater les prises de décision de mes collègues maires, même grands défenseurs de ce parc dans l’épopée de la préfiguration, je dois me rendre à l’évidence qu’ils n’ont pas encore acquis le niveau de conscience nécessaire à la réussite d’un tel projet.

Si l’on disait : ’’ Langres au patrimoine mondial de l’Unesco ‘’ instantanément tout le monde placerait dans sa conscience ce joyau à son juste niveau. Pour le Parc National, qui est de ce niveau, il n’en est pas ainsi.

Une raison simple explique cette distorsion, la nature et la biodiversité, dans l’échelle de nos valeurs individuelles, n’a pas encore la place du patrimoine construit par l’humain (bâtiments, traditions, histoire).

Exemple récent : dans un vote de communauté de communes concernant l’implantation d’éoliennes dans une zone déjà hyper équipée de ces hachoirs à oiseaux, des élus écologistes dans l’âme, des maires vantant les bienfaits de ce Parc National votent en faveur des hachoirs !!!! Inouï.

Notre administration bien-aimée n’est pas exempte de ce genre de contradiction, elle accepta un projet éolien après la date de création du parc national en désaccord avec sa direction et, plus gênant, en désaccord avec la loi !

Quel est le destin de cet espace naturel ? Choisi parmi d’autres en France pour son bon niveau de naturalité, il est loin d’être au niveau idéal de ce que nous devons en faire. Sa construction vers une zone forestière représentative de nos forêts initiales mettra une bonne centaine d’années et chaque jour nous devons progresser pour aller vers cette pureté originelle.

Probablement que la chasse ne s’y exercera plus, que la biodiversité s’équilibra seule, qu’il n’y aura plus d’exploitation forestière (voir les travaux de Wohlleben eu Allemagne, Tillon en France), que l’agriculture aura trouvé les moyens naturel pour traiter ses productions. Toujours est-il que c’est la route à parcourir, longue, ingrate, peu visible au quotidien.

Le développement du tourisme vert et le besoin de forêts grandissant des urbains a commencé à montrer l’intérêt de ce territoire d’exception et cela se matérialise par une augmentation du revenu global du territoire… mais convenons que cela vient d’abord d’une évolution de la société.

Le danger pour ce genre d’établissement public est de finir par ronronner, tourner en rond et vivre sur lui-même pour la bonne raison que c’est la chose la plus facile à faire et que c’est la caractéristique des systèmes administratifs stagnants.

Alors, mesdames et messieurs les élus, veillons à accroître notre actif naturel et ne faisons pas une chose et son contraire car ce Parc national ne se prête pas à des arbitrages hybrides entre des choses qui ne sont pas du même ordre. Le Parc est prioritaire en tout ou il ne sera pas. »