Industrie : EFIS (Joinville-52) a le service dans l’ADN

Le dispositif « Flexiprod » permet à EFI Automotive Service (Joinville) de lancer des projets de diversification innovants tout en faisant bénéficier tous ses clients de services décisifs basés sur le partage de la data. Une révolution discrète est en marche.

On croit connaître EFI Automotive Service ; l’entreprise de Joinville est financièrement autonome depuis avril 2021. La SAS demeure très performante dans la pièce de rechange automobile, pour les capteurs et les bobines. EFIS est même désormais le dernier fabricant français de bobines d’allumage. 110 000 pièces sortent des ateliers chaque année. Dans cette activité, la visibilité du carnet de commandes ne dépasse jamais une poignée de jours ; EFIS se fait fort de livrer ses clients français dans les 7 jours qui suivent la réception de la commande. C’est notamment pour le réseau Autodistribution que l’entreprise produit des pièces qui viendront prendre place dans des moteurs de Peugeot, Ford, Renault, BMW, etc.

5500 m2 du site de Joinville sont dédiés à la production et à la distribution de ces pièces de rechange. On demeure là en terrain… connu.

En 2018, EFI Automotive Service ose le pari de l’innovation. La vraie. En lien avec Axandus, l’accélérateur de start-up du groupe EFI Automotive, l’usine de Joinville intègre un programme d’industrialisation dans des domaines fort éloignés de l’automobile : la robotique, les objets connectés, les drones, etc. On est désormais dans la diversification la plus innovante qui se puisse imaginer (lire par ailleurs). Il faut bien reconnaître aux équipes de Joinville une polyvalence et une adaptabilité hors normes.

Non seulement les start-up partenaires se voient proposer des capacités d’industrialisation qui ont donc fait leurs preuves, mais aussi la logistique qui doit suivre. EFIS leur fait bénéficier de ses compétences acquises depuis longtemps à l’international ; le réseau et le savoir-faire sont déjà rodés. Quel temps de gagné pour expédier partout dans le monde des produits divers non standards.

EFIS ne se « contente » plus de produire, mais adapte en temps réel ses capacités de production, puis de distribution aux besoins des clients. La logique du stock le cède à celle du flux. Pour coller au plus près des besoins des clients, il faut prévoir pour lui, imaginer des hypothèses fondées sur l’analyse de données de plus en plus nombreuses, complexes, qui interagissent entre elles. Voilà l’autre révolution en cours chez EFIS : l’exploitation de la data partagée. Et si le dernier mot du nom « EFI Automotive Service » était en passe de devenir le plus important ? La ruralité industrielle, dès lors qu’elle est flexible et connectée, ajoute ce précieux SERVICE à la valeur ajoutée.

Mettre en place cette stratégie tournée vers l’avenir, cette révolution, a requis de la réflexion, de l’adaptabilité de la part de tous au sein de l’entreprise. Des investissements aussi. « Flexiprod » est le nom de ce projet sans cesse amélioré, optimisé, diversifié qui vise à flexibiliser la production en mutualisant les moyens de partage de l’information, de la fameuse DATA. Un peu comme si le client était présent, sans jamais être là.

Et c’est à Joinville, en toute discrétion, en toute modestie, que cela se déploie.

Dominique Piot

Drone d’idée pour plongeurs

Sait-on en Haute-Marne qu’une entreprise produit ici un petit drone sous-marin qui prend des photos, enregistre des vidéos. iBubble, créé par la start-up Notilo Plus, est capable de suivre à la trace le plongeur, qui, sans fil à la patte, le télécommande. Cela peut servir à filmer les mérous. Pas seulement. Imaginer aussi l’inspection de la coque d’un super tanker, l’enregistrement de données pointues sur l’usure ou l’état des structures immergées, la mise à disposition des données instantanément à l’armateur à l’autre bout du monde, etc. C’est dans les ateliers joinvillois d’EFIS qu’iBubble est né et produit ! Il existe aussi une version professionnelle du drone de Notilo Plus : Seasam.

Le markéting mis au parfum

EFIS s’est aménagé un local « prototypes ». On y conçoit puis on y met au point et on industrialise des projets de start-up. Le testeur de parfum sans contact est  un appareil qui va rendre de fieffés services à l’univers du luxe. Le Drop, inventé par la start-up Innolis pour le compte du groupe de luxe Coty présente bien des qualités : n’importe où dans le vaste monde, dans une parfumerie, les clients peuvent tester un parfum qui les tente. Ils tendent la main sous le distributeur qui leur dépose deux gouttes du précieux nectar. Pas une, pas trois. Deux : exactement ce qu’il faut au nez pour apprécier. Aucun contact.

Mais l’appareil est intelligent. Il sait identifier le parfum qu’il distribue. Il va surtout envoyer en temps réel, au service marketing du groupe de luxe, exactement quel est le parfum testé, combien de fois il est choisi, dans quelle boutique, dans quel pays, sur quel continent. Un fantasme de marketeur.

La recharge auto, sur le toit

Les drones aériens sont partout de plus en plus utilisés ; pas seulement dans le ciel d’Ukraine. Pour la surveillance des sites sensibles aussi. L’usine joinvilloise fabrique un drone de surveillance et sa base de recharge, inventés par la star-up Hoverseen. Le dispositif est prévu pour être placé sur un toit. Il s’ouvre. Le drone décolle, va inspecter ce qu’il doit inspecter, détecte d’éventuels intrus, au sol, dans les airs, filme, envoie ses informations. Quand ses batteries touchent aux limites de leur capacité, l’appareil revient gentiment à la maison. Le volet s’ouvre. Le drone se pose. Le volet se referme. Et automatiquement, il recharge ses batteries, sans intervention humaine.