Chaumont et Tours : chacun à sa place en Ligue A !
C’est un peu le sentiment qui s’est dégagé du duel entre le Chaumont VB 52 Haute-Marne et Tours, vendredi 6 janvier, à Palestra (0-3) : Un dauphin trop respectueux du leader pour espérer lui chiper le trône.
C’est une sensation bizarre qui flottait dans l’air de Palestra, vendredi 6 janvier, au coup de sifflet final du “choc” de ce début d’année, entre le leader tourangeau en visite chez son dauphin du Chaumont VB 52 Haute-Marne. Le sentiment d’un rendez-vous raté (déjà ressenti à plusieurs reprises face à cet adversaire, et parfois même plus cruellement dans des situations importantes comme des finales) pour des Cévébistes qui ont logiquement subi la loi de leurs adversaires en trois sets. Néanmoins pas tout à fait de la même manière que sur d’autres oppositions.
En effet, cette fois, les Tourangeaux n’ont pas fait preuve d’une domination outrageante, mais beaucoup plus “contrôlée”. Le scénario du premier set est peut-être le plus symbolique de cette supériorité apparaissant légère mais toujours suffisante. Aux égalités qui se sont succédé tout au long de ce premier acte, les visiteurs ont finalement laissé leurs hôtes faire les fautes nécessaires (un service et une attaque dehors) pour finaliser ce premier round. « Chaumont n’a pas fait un mauvais match. Ils nous ont parfois mis en grande difficulté sur leurs services, mais on a certainement un peu plus maîtrisé les moments importants, sans s’affoler », analysait d’ailleurs l’ex-Cévébiste Gary Chauvin en fin de rencontre. Une sensation plus générale un peu trop “respectueuse” envers une formation, certes impressionnante de sérénité, mais qui aurait certainement mérité d’être un peu plus “bousculée” dans ses certitudes que ne l’a fait le CVB 52 tout au long de ce premier match de l’année 2023. Peut-être qu’une prise de risques un peu plus accentuée, une révolte un peu plus assumée n’aurait pas eu l’effet escompté et aurait finalement abouti qu’à un revers encore plus cinglant au niveau des scores…
Rudoyer plutôt que tutoyer
Mais à se contenter de tutoyer le leader sans le rudoyer, les Chaumontais se sont finalement retrouvés avec une défaite en trois sets, honorable car jamais distancés dans chacun d’eux, mais jamais réellement en capacité d’en gagner le moindre. Est-ce réellement ce que l’on attend du CVB 52 aujourd’hui ?
Les joueurs pouvaient s’en vouloir à la fin du match, il n’empêche que leur attitude n’a jamais permis de voir sur le terrain un dauphin tentant de détrôner le roi… A l’exception peut-être de ce passage dans le deuxième set où, révoltés par une décision arbitrale qu’ils estimaient injustes, les locaux se sont tout à coup sentis pousser les ailes de la révolte (7-9, puis 15-13). Une qualité de service retrouvée, un block plus compact et des attaques convaincantes.
Un orage que les Tourangeaux ont sagement laissé passer pour, à leur tour, asséner quelques réponses “piquantes”, notamment sur les services de leur capitaine Coric. Avant que le match ne retombe dans son ambiance habituelle : idéale pour les visiteurs.Depuis quelques mois, l’homogénéité tant vantée de ce collectif cévébiste et qui a fait sa force de longs mois, retombe dans le seul travers qui pouvait le gêner : le manque d’individualités qui viendraient tirer vers le haut un groupe trop nivelé, se laissant parfois trop facilement marcher sur les pieds. Le CVB 52 possède les arguments pour poursuivre sa quête de bonheur. Mais il faudra aller le cueillir…
Laurent Génin
Le jeu et les joueurs du CVB 52 : Patrik Indra garde la tête hors de l’eau
Jan Galabov (6 att. sur 13, 0 cont., 0 ser., 3 fautes dir.) : nettement plus en jambes que face à Cambrai une semaine plus tôt, le Tchèque s’est montré plus fiable à l’attaque et plus solide en réception. Mais face à Tours, il aurait fallu encore plus d’efficacité.
Raphaël Corre (2 att. sur 2, 0 cont., 0 ser., 4 fautes dir.) : A l’image de son équipe, le capitaine du navire a effectué une prestation honnête, mais comme son équipe, il a plus semblé subir le jeu adverse, sans être réellement en capacité de reprendre le contrôle sur le scénario du match.
Fabian Plak (6 att. sur 9, 0 cont., 0 ser., 4 fautes dir.) : Le Néerlandais symbolise un peu la sensation générale du jeu de son équipe. Avec de bons passages à l’attaque ou au service, il lui a cependant manqué ce qui fait la différence dans ces duels de haut niveau : un sentiment de révolte face à un adversaire dominateur.
Adrian Aciobanitei (6 att. sur 13, 0 cont., 0 ser., 2 fautes dir.) : Le Roumain a parfaitement débuté la rencontre. Efficace à l’attaque, gênant au service, stable en réception, il a pris beaucoup de responsabilités dans la première partie de ce duel. La deuxième fut moins convaincante, devenant moins réaliste et de plus en plus discret.
HOMME DU MATCH : Patrik Indra (11 att. sur 18, 0 cont., 0 ser., 6 fautes dir.) : Le Tchèque a tenté de tenir le navire à flots, mais dans ce genre de confrontations, l’individuel doit être soutenu par un collectif au niveau. Celui du CVB 52, vendredi, était trop fluctuant et respectueux de son vis-à-vis.
Patrick Gasman (3 att. sur 9, 1 cont., 2 ser., 5 fautes dir.) : Si l’Américain reste une pièce maîtresse du groupe, on y perçoit ses limites face à un adversaire solide : baisse de confiance au filet et quelques fautes directes ou approximations qui pèsent tout de suite plus sur le fil de la rencontre.
Thales Hoss (libéro) : Sa solidité en réception reste intéressante, mais on attend plus du Brésilien dans ces “affiches” de Ligue A. Il fait partie de ces “cadres” qui doivent, par leur expérience, relancer la dynamique du groupe dans les moments difficiles.
Nathan Wounembaina (1 att. sur 1) : Des passages trop rapides sur le terrain qui n’ont pas permis au Camerounais d’apporter son expérience et sa malice.
Cédric Da Silva : Le passeur chaumontais n’a pu que constater les dégâts moraux de son équipe en fin de match.
Pierre Tolédo (1 att. sur 1, 1 faute dir.) : Comme tous les entrants, il n’a pas réellement eu le temps de trouver ses marques.
Michael Marshman (1 faute dir.) : L’Américain n’a même pas eu un seul ballon offensif à négocier au filet.
L’adversaire
Gary Chauvin (passeur de Tours) : « C’est forcément une très bonne opération. On savait avant ce match à Chaumont que cette semaine était très importante. On a bien négocié ce premier rendez-vous qui nous permet de prendre de l’air au classement et d’envisager une gestion un peu différente de la suite des opérations en championnat. Il nous reste à bien négocier la rencontre de Ligue des champions contre les Belges de Roeselare, chez nous mercredi, pour obtenir notre qualification pour les huitièmes de finale, et on aura rempli notre contrat. Aujourd’hui, on a trouvé une certaine fluidité dans le jeu qu’on a pu démontrer face à une bonne équipe de Chaumont. Collectivement, on est solide. Il nous reste maintenant à concrétiser tout cela par quelque chose à la fin. On a encore trop en tête la saison dernière et nos trois finales perdues pour se réjouir de quoi que ce soit trop tôt. Je suis bien à Tours. Je sais que comme les saisons précédentes, j’aurai mon mot à dire aussi sur le terrain par moments. Je suis prêt. J’entame ma troisième saison dans ce club et je n’ai toujours pas le moindre titre. J’espère que ça va changer cette saison ! »