Nathalie Degand dit “yé-yé” à Langres
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Des Langrois, au fil des siècles, ont su marquer l’Histoire de leur empreinte, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Aujourd’hui, Nathalie Degand.
Musicalement, les années 60 ont été une révolution. Surnommées les “annés yé-yé”, elles ont signé l’arrivée en fanfare du rock’n roll en France, ainsi que le lancement de la carrière de chanteuses et chanteurs qui allaient marquer plus de six décennies musicales : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Sylvie Vartan… A côté de ces monstres sacrés, une jeune fille est parvenue, l’espace de trois années seulement, à se faire un (petit) nom (jusqu’au sacre, néanmoins, de la couverture de l’icônique magazine d’une génération, Salut les copains !).
Née à Langres le 20 février 1944, Nathalie Degand est encore très connue des puristes, malgré une carrière météorique. Oscillant, dans son enfance entre la cité de Diderot et l’Afrique (où réside son père, où elle s’initie au safari, où elle se choisit une mascotte (une mangouste) et où, surtout, elle se découvre une vocation pour la musique en entonnant les refrains d’Annie Cordy durant les repas de famille). A l’âge de 8 ans, elle quitte Langres pour suivre à Caen sa mère, qui y bénéficie d’une mutation professionnelle.
La première partie de Johnny
En 1961, alors qu’elle est âgée de 17 ans, Nathalie Degand lit une brève dans le journal Cinémonde, annonçant que Pathé organise à Paris une audition de « jeunes talents », ouverte à tout public. Elle s’y rend crânement et, après avoir sympathisé dans la file d’attente avec un jeune garçon tentant lui aussi sa chance — un certain Michel Berger —, elle impressionne le producteur par la justesse de sa voix. Engagée, elle sort, en 1963, un premier album, “Maman m’a dit”, qui rencontre un véritable succès. Dans le journal Jour de France, Pierre Bénichou est emballé : « Elle a 18 ans, de la grâce, de l’esprit. Elle a eu de la chance parce qu’elle l’a voulu ».
Après avoir eu les honneurs de Salut les copains !, Nathalie Degand assure, en 1964, la première partie d’une tournée de Johnny Hallyday. L’année suivante, elle chante avec Salvatore Adamo et sort en parallèle trois nouveaux albums. En 1966, elle délaisse son nom pour le pseudonyme “Zoé” et rencontre à nouveau le succès avec le titre “Avant qu’on ait 20 ans”, écrit pour elle par Serge Lama. Ce sera pourtant son dernier disque. Abandonnant soudainement et sans explication la scène musicale française, elle se tourne vers la peinture. Elle est toujours en vie, et réside aujourd’hui paisiblement dans un petit village de l’Orme.
N. C.