Sur des braises – L’édito de Christophe Bonnefoy
L’Insoumise Mathilde Panot n’a pas tardé à y aller de son jeu de mots : « Macron bat en retraite ». Facile. L’annonce du président de la République, ce lundi, ne rend pas pour autant limpides ses réelles intentions. La présentation de la réforme des retraites, programmée au 15 décembre, est reportée au 10 janvier. Soit. Officiellement pour permettre aux nouveaux chefs de parti, entre autres, de prendre part à la discussion. Et de se positionner. OK.
En fait, à voir la réaction des syndicats, on voit bien que la décision surprise d’Emmanuel Macron laisse un sentiment mitigé. Quand certains y voient un recul du chef de l’Etat et, quelque part, une forme d’affolement, d’autres applaudissent – prudemment – qu’on prenne le temps de renforcer le dialogue, voire de l’amplifier. Avec une constante toutefois : la méfiance.
Le gouvernement sait en l’occurrence qu’il marche sur des œufs. Ou plutôt sur des braises. Reporter l’annonce, c’est évidemment, d’une certaine manière, reporter aussi le problème. C’est se dire… sans vraiment (se) l’avouer, qu’on laisse le temps au temps pour faire mieux ou moins mal. C’est surtout, de manière beaucoup plus terre à terre, savoir pertinemment que le volcan social risque d’exploser à tout moment. Et que la réforme des retraites pourrait être le détonateur d’une année 2023 explosive.
Crise sanitaire, puis économique, ont pris à la gorge les Français, sans que quasiment jamais ne se desserre l’étreinte. Les retraites – et la réforme qui va avec – pourraient un peu être la goutte d’eau qui fera déborder le vase. Un mois de plus, donc, c’est forcément un mois de gagné. Approche hasardeuse, peut-être, mais surtout révélatrice d’une situation politique – et sociale donc – dont personne ne sait vraiment sur quoi elle peut aboutir à court terme. Comme une sorte d’instabilité