Le planétarium plébiscité idée inspirée : vers le 2e futuroscope de France ?
Trois ans qu’un projet argumenté de planétarium dort, quoique Grand Langres et PETR aient applaudi à sa présentation. Au concours départemental des idées inspirées, il s’est classé 1er dans la catégorie « animation du territoire ». De quoi le rappeler au bon souvenir des élus ?
« Chaque fois que je passais devant les super-chargeurs Tesla de Val-de-Meuse, je déplorais de voir qu’à part des sanitaires, il n’y ait rien ». Inconcevable pour Horst Winkelmann, qui se répète inlassablement qu’ « il faut faire quelque chose ». Conjointement, à Soyers, Alain Mory est un fondu d’astronomie. L’Alsacien est venu s’y installer pour « l’extraordinaire qualité du ciel haut-marnais » : dans les années 2000, il s’était promis qu’il s’offrirait ce toit dès la retraite venue. Horst et Alain vont vite se repérer.
« On a plein d’idées et développer des projets, c’est notre travail ». Horst emménage à Montigny-le-Roi, et tient à rencontrer le maire Romary Didier « pour se présenter ». Le nouvel habitant entre illico dans le dur, en évoquant « quelque chose autour des super-chargeurs Tesla » qu’il a en tête. « Chiche ! ». Le premier magistrat accroche instantanément. « J’avais calculé que 22 000 véhicules/jour empruntent l’A31, soit 8 millions par an ». En clair, Horst a arrêté que « l’A31 est la colonne vertébrale du trafic autoroutier européen ». Dans le même temps, il voit les atouts de la Haute-Marne : le parc national du côté d’Auberive, l’école de vannerie à Fayl-Billot, la coutellerie à Nogent, l’offre hôtelière à Langres… Qui manquent toutefois d’un lien entre eux. « J’ai voulu un pool qui les rassemble ». Les trajectoires de Horst et d’Alain vont converger. « Montigny-le-Roi est la patrie de Camille Flammarion -et, à la différence de Denis Diderot, Camille revenait au pays ». L’enfant du pays a créé un observatoire à Juvisy-sur-Orge (Essonne), insiste-t-il. « C’est ici que tout a commencé ». Horst active ses contacts dans l’aérospatiale, secteur qui pourrait avoir ainsi à Montigny un site promotionnel. On le stoppe illico : « avec le concurrent Tesla ? Non ! ». Horst doit réorienter son projet. Sachant qu’en Alain Mory, il a trouvé un compagnon de route, titulaire d’ « un permis de conduire un planétarium », après être retourné à l’université. Leur brainstorming va accoucher d’une solution : « pourquoi ne pas en implanter un ici ? ». La passerelle avec le projet initial de pool de Horst est tendue. « On est dans la diagonale du vide de l’Hexagone, avec le super potentiel de l’A31. La Haute-Marne a des atouts ici et là, qui drainent chacun 4 à 5 000 visiteurs par an, sans réussir à fusionner. Alain apporte l’idée de planétarium, moi, celle de gens obligés de stopper sur l’aire des super-chargeurs Tesla ». Et merci de garder en tête que « le projet ne sert aucun intérêt personnel ».
« Il faut une attraction »
« Avec 9 à 10 000 scolaires dans un périmètre à 1 h ou 1 h 15 de route en autobus, il fallait aller au-delà d’une simple maison de la région, il fallait une attraction ». Une étude de faisabilité établit que « dès la première année, le seuil de rentabilité est quasiment atteint ». Maintenant, c’est un architecte dont le projet a besoin pour un « planétarium du 3e type » : équipé de sièges modulables, transformable en salle polyvalente, disponible à la location -pour un séminaire, un mariage. « J’avais été frappé par le caractère monolithique des planétariums que j’avais vus, où les gens regardent ce qu’on leur montre, où le plancher incliné donne le sentiment d’assister à un cours », souligne l’astronome amateur. Voilà comment un troisième compagnon va rejoindre le binôme Horst-Alain. Eric Wasser, le designer de l’héliodome -primé au concours Lépine 2003. Cette enveloppe frugale en énergie abriterait le « bâtiment d’accueil » du planétarium, où l’on trouverait espaces d’expositions, boutiques de produits locaux… Aujourd’hui, le projet s’implanterait près du terrain de Frédérick et Brigitte Arvois, « impliqués dans le projet dès le début »- frais initiateurs de la construction d’un motel.
Bravo… et puis rien
« On nous a applaudis chaleureusement, Jacky Maugras compris ». En février 2020, un an après être formalisé, le projet est présenté au Grand Langres. Des mois s’écoulent. « Il faut le présenter au Pôle d’équilibre territorial et rural (PETR) ». Mission accomplie lors d’un conseil municipal extraordinaire que Romary Didier convoque. « On a pris encore plus de temps pour en parler. Et on nous a dit bravo. Le président Eric Darbot nous a dit : il n’y a plus qu’à déposer votre dossier au PETR ». Mais « le courrier du président du Grand Langres » permettant d’officialiser la démarche « sera expédié… huit mois plus tard ». Toutefois, « Romary Didier nous a appris que le planétarium était inscrit au volet des projets du PETR à financer ». Reste qu’ « aucune instance ne nous a informés de l’état de son avancement ». Un silence qui a poussé les inventeurs à soumettre leur projet aux Haut-Marnais et aux chambres consulaires, en participant au concours départemental des idées inspirées.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr