Désert numérique – L’édito de Jean-Jacques Manceau
Ce sont des chiffres qui vont en surprendre plus d’un, tellement ils sont contre-intuitifs. Alors que beaucoup pensaient que la téléconsultation médicale, à savoir l’organisation d’un rendez-vous médical à distance, via un ordinateur, pouvait être une solution à la désertification médicale de nos campagnes, la dernière étude de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (DREES) montre que si le recours à la téléconsultation de médecine générale a explosé (9,4 millions d’actes en 2021 contre 80 000 en 2019), il est le fait d’une population plutôt jeune et… urbaine.
En 2021, 45,2 % des téléconsultations de médecins généralistes libéraux ont été réalisées avec des patients de 15 à 44 ans, contre 28,7 % des consultations en cabinet.
Par ailleurs, ce dispositif n’est pas particulièrement utilisé par les personnes les plus précaires : les téléconsultations se font moins souvent avec un patient bénéficiaire de la complémentaire santé solidaire (CSS) que les consultations en cabinet, notamment parmi les jeunes.
Plus étonnant, l’étude montre que sept téléconsultations sur dix sont réalisées avec des patients résidant dans les grands pôles urbains, notamment à Paris et dans sa banlieue. En Région parisienne, cela représente près de 8 % de l’activité des généralistes contre 2,2 % dans les territoires ruraux (hors outre-mer).
Loin d’être la panacée aux déserts médicaux, les services médicaux à distance accentuent, pour l’instant, encore davantage la fracture numérique en France. Il met aussi en lumière l’illectronisme des seniors en milieu rural.
Pour autant, il constitue une des meilleures réponses pour la prise en charge des patients résidant dans des zones à faible densité médicale, comme la Haute-Marne. À condition de former les futurs utilisateurs.