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Coupures d’électricité : le pire n’est pas forcément à craindre

Enedis agira au sein du territoire. Photo d’Enedis.

Energie. Les coupures d’électricité tant évoquées ne sont pas une fatalité. De multiples conditions sont nécessaires pour qu’Enedis accède à ce recours extrême mais l’entreprise s’y prépare. Toutes les explications avec Olivier de La Chapelle, directeur régional d’Enedis Champagne-Ardenne. 

Y aura-t-il ou n’y aura-t-il pas ? Les discussions, du comptoir du bar au plus haut de l’Etat, tournent actuellement autour d’éventuelles coupures d’électricité dans les semaines à venir. Les fameux délestages…

Olivier de La Chapelle, le directeur régional d’Enedis Champagne-Ardenne, parle effectivement d’un potentiel déséquilibre entre l’offre et la demande d’énergie sur le territoire et, forcément, en Haute-Marne. Il résume : « la capacité à produire de l’énergie doit être équilibrée par rapport à la consommation des Français, des petites et moyennes entreprises, des grandes entreprises et des collectivités. Or, dans les semaines à venir, il existe un potentiel déséquilibre ».

Les salariés d’Enedis prépare les opérations pour une fluidité maximale.

Une équation offre et demande

Ce potentiel déséquilibre s’explique par une offre en baisse d’énergie. Dix tranches de centrales nucléaires sont à l’arrêt pour des opérations de maintenance du fait d’un phénomène de corrosion dite contrainte. A ce phénomène s’ajoute des voisins comme l’Allemagne qui « ne sont pas mieux énergétiquement » et qui ne peuvent pas exporter le gaz habituel vers la France.

Dans cette équation entre l’offre et la demande, Olivier de La Chapelle évoque aussi la partie demande : « si la consommation des Français ne baisse pas et comme l’énergie ne se stocke pas, l’équilibre du réseau géré par RTE sera menacé et il faudra engager une série de mesures ». Mais, il prévient : le délestage sera en dernier recours après plusieurs étapes (voir encadré).

A noter que la consommation d’énergie à baisser de 8,3 % la première semaine de novembre par rapport à la moyenne des années précédentes (2014/2019). Jusqu’à maintenant, les efforts consentis venaient essentiellement des entreprises et des collectivités. Désormais, les particuliers s’y mettent.

Un plan de délestage

Si ces paliers ne permettent pas d’équilibrer, RTE demandera à Enedis d’engager un plan de délestage. Olivier de La Chapelle le redit : « il n’est pas inéluctable » mais, le cas échéant, il concernerait l’ensemble du territoire national et, évidemment, la Haute-Marne. Il précise : « tous les clients seront traités de la même manière pour une équité sur le territoire. Ruraux ou citadins, il n’y aura pas de distorsions ».

Quant au nombre de personnes privées d’électricité, il dépendra de l’équilibre à un instant donné sachant que la consommation dépend de la température globale du pays. Un degré de moins sur la France et ce sont 2 Gigawatts de consommation supplémentaire.

Tout dépendra donc de la météo avec des modèles qui se profilent. Le mois de décembre ne devrait pas connaître de problème en l’absence de vague de froid et, surtout, des vacances de Noël précoces avec la fermeture des écoles et d’entreprises.

Le quotidien de chacun

Pour janvier, la visibilité est moins grande ainsi qu’en février. Ces deux mois apparaissent comme « les moments critiques ». Dans tous les cas, Olivier de La Chapelle signale que Enedis se prépare à toute éventualité. L’entreprise est en relation avec la préfecture et les collectivités « pour les jours où RTE demandera ces mesures exceptionnelles. Nous devrons être le plus fluide possible dans ce contexte inédit ».

Olivier de La Chapelle conclut : « le délestage est susceptible d’affecter la vie quotidienne de chacun de nous. Enedis regarde les conséquences potentielles et agit avec responsabilité ».

Frédéric Thévenin

f.thevenin@jhm.fr

Des questions et des réponses en cas de délestage

Olivier de La Chapelle, directeur régional Enedis Champagne-Ardenne.

Jhm quotidien : Qui sera privé d’électricité le cas échéant ?

Olivier de La Chapelle : Tout le monde est concerné par le délestage mais il existe des sites prioritaires : les hôpitaux, la base aérienne de Saint-Dizier, les pompiers, la maison de pénitentiaire de Chaumont. Autrement dit les grands services publics de vie et de sureté du pays. La liste a été travaillée l’été dernier par la préfecture.

Jhm quotidien : Qu’en est-il des entreprises qui ne peuvent pas se passer d’électricité et dont les systèmes de productions seraient trop compliqués à remettre en route ?

O. de L. C. : De nombreuses entreprises ont fait remonter leurs difficultés auprès de la Préfecture. Leur demande est examinée pour les passer en site prioritaire. Par contre, Enedis demande aux entreprises, dans la mesure du possible, d’anticiper les décisions. Par exemple, les agriculteurs s’organisent avec la mise en place de groupes électrogènes pour la traite des vaches notamment.

Jhm quotidien : Est-ce que la Haute-Marne peut être touchée dans sa globalité, toutes les communes en même temps ?

O. de L. C. : Nous ne fonctionnons pas par commune mais par ligne. On parle de bloc de consommation entre deux postes et ces blocs seront touchés selon les besoins de RTE. Par exemple, si RTE a besoin de libérer 100 MWatt, nous chercherons plusieurs blocs qui le permettront. Nous le ferons en fonction des besoins et nous ferons en sorte de ne pas solliciter toujours les mêmes.

Jhm quotidien : Comprenez-vous que cet hypothétique délestage inquiète et que les haut-marnais sont un peu éberlués par cette situation, d’en arriver là en 2022 ?

O. de L. C. : L’information mise en place notamment par monecowatt.fr est là pour rassurer. Nous savons que deux heures de coupure de l’électricité peuvent changer le quotidien mais les haut-marnais ont déjà connu pire comme durant les tempêtes.

Quant à Enedis, elle a le devoir de faire face aux crises. Leurs gestions sont dans notre quotidien comme nous avons su le faire durant la crise sanitaire. Nous sommes habitués avec les canicules, les tempêtes, les incendies dans les Landes. Nous abordons les choses toujours de la même manière : anticiper les conséquences et apporter de la fluidité. 

Les étapes avant le délestage

Pour éviter les coupures d’électricité, différentes étapes sont envisagées. Elles iront crescendo si nécessaire

  • 1ere étape : La mise en œuvre du plan de sobriété. Le but est d’arriver « collectivement » à baisser la consommation globale d’électricité en France. Olivier de La Chapelle revient sur les éco-gestes comme chauffer moins, éteindre son téléviseur (et la mise en veille) ou décaler le cycle d’une machine à laver ou d’un lave-vaisselle (tous les deux pleins à ras bord) pour « écraser les heures de pointe » de 8 h à 13 h et de 18 h à 20 h. Il parle « d’une meilleure utilisation de notre propre consommation grâce à des applications qui existent ou grâce au compteur Linky.
  • 2e étape : Se tourner vers les entreprises « électro-intensives » et qui, donc, consomment le plus afin de faire de « l’effacement ». RTE leur demandera de baisser la tension durant les pointes de consommation.
  • 3e étape : La baisse de la tension électrique globale de 5 % pour le grand public sans aucune conséquence pour lui. Cette baisse de tension n’est pas visible et perceptible.
Les coupures partiront des postes source. Photo d’Enedis.

Des informations au plus près de l’événement

Lorsque RTE sera convaincue d’un problème imminent en matière d’approvisionnement en électricité, tout un processus va se mettre en place.

A J – 5 et J – 4, tous les particuliers seront informés par l’intermédiaire de l’application « monecowatt.fr » qui donne « la météo de l’électricité » ainsi que par l’ensemble des médias. L’idée est de limiter drastiquement la consommation.

A J – 3, si le plan de sobriété ne fonctionne pas, il sera demandé à Enedis un plan de délestage sur les pics de consommation. L’entreprise aura trois jours pour se préparer et intervenir sur les tranches horaires de 8 h à 13 h et de 18 h à 20 h avec, au maximum deux heures de coupure par jour

A J – 1, vers 17 h, l’ensemble des particuliers et des entreprises pourra savoir s’ils seront délestés. Il suffit de rentrer son lieu de résidence sur www.monecowatt.fr     

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