Mondial 2022 : Ambiance décontractée en équipe de France
“Le groupe vit bien”, formule fourre-tout, parfois agaçante et souvent creuse, semble cette fois résonner avec justesse dans le quotidien d’une équipe de France portée lors du Mondial 2022 par une belle alchimie et une vraie connexion entre les différentes générations.
Des rires et des sourires, des célébrations joyeuses, avec le tube “Freed From Desire” en toile de fond, et des accolades à la volée tournent en boucle sur les supports de communication de la Fédération française de football. Mais au-delà des belles images, forcément choisies avec soin, un parfum de communion se dégage au sein de l’équipe tricolore.
Le contraste apparaît saisissant avec l’Euro 2021 où l’atmosphère était moins légère, et pas seulement à cause des restrictions sanitaires qui avaient contraint les Bleus à un isolement prolongé dans leurs hôtels, à Munich, Budapest puis Bucarest, jusqu’au terminus en huitièmes de finale. « On ressent un peu plus cette unité, cette solidarité sur le terrain et en dehors aussi. Les remplaçants, le staff, tout le monde est concerné. A l’hôtel, dans la vie de groupe, ça se passe très bien et c’est un peu plus que ce qu’il y avait à l’Euro », a reconnu Adrien Rabiot avec franchise.
Conseils croisés
Son capitaine Hugo Lloris n’oublie pas le « contexte quand même bien différent », pollué il y a un an par des camps de base parfois défaillants (climatisation en panne, mauvaise literie, terrain d’entraînement indisponible…) mais il retient « surtout » le « très bon mélange » entre les générations. « Malgré toutes ces différences il y a une vraie connexion », insiste-t-il. « Je trouve qu’il y a un mot qui qualifie tout ça, c’est le respect, le respect entre nous. Il n’y a qu’à voir toutes ces joies d’après match où toute l’équipe ne fait qu’un. » Le gardien de Tottenham sait choisir ses mots avec attention et mettre en garde lorsqu’il constate des brèches dans la vie de groupe. Le voir si positif permet de renforcer l’impression de bien-être qui remonte jusqu’aux oreilles des nombreux suiveurs. La « belle alchimie » décrite par Olivier Giroud prend racine dans des échanges réguliers entre les plus expérimentés et les « super jeunes qui découvrent la coupe du monde », souvent dans les deux sens.
L’avant-centre de 36 ans a notamment distillé de précieux conseils à Randal Kolo Muani (24 ans), renfort de dernière minute après le forfait de Christopher Nkunku et pas encore 100 matches disputés au plus haut niveau, avec Nantes puis Francfort. « Il y a un bon feeling entre nous, je pense. C’est notre force durant ce premier tour », a dit l’ex-Canari jeudi dernier devant la presse. « On est vraiment tous ensemble, que ce soit les remplaçants ou les titulaires. Même le plus jeune peut donner des conseils au plus vieux. »
« Tous dans le même bateau »
Le très peu capé Youssouf Fofana, deux sélections avant le Mondial, a ainsi offert son expertise au champion du monde Antoine Griezmann, repositionné milieu relayeur au Qatar, selon une anecdote rapportée par le quotidien sportif L’Equipe. Dans le sens inverse, Griezmann a joué son rôle de cadre protecteur auprès des “coiffeurs” (surnom des remplaçants) après la défaite (1-0) de ces derniers à l’issue d’une rencontre ratée contre la Tunisie au premier tour.
Passé en zone mixte, le joueur de l’Atlético Madrid a rappelé que le premier match contre l’Australie a aussi été mal abordé par les titulaires. « On a été zéro dans les quinze premières minutes, on a été mangés dans les duels, parce qu’il y avait cette tension de jouer un match de coupe du monde. Ça peut arriver à tout le monde. »
Deux jours plus tard, le meneur des Bleus en a remis une couche en conférence de presse, en rapportant les bribes d’une discussion qu’il a eue avec Mattéo Guendouzi et Jordan Veretout, treize sélections à eux deux. « Ce qu’ils ont ressenti contre la Tunisie, je l’ai ressenti contre l’Australie, ce stress, les jambes lourdes, tu ne sens pas le ballon quand tu fais une passe. Et au fil des matches c’est parti. En 2018 c’était presque tous les matches comme ça. En 2014, ce n’était pas moi, je ne pouvais pas jouer. »
Marcus Thuram (25 ans) a résumé le sentiment général. « Je me situe comme un membre du groupe comme n’importe quel autre, il y a pas de clan entre plus anciens ou plus jeunes. On est tous dans le même bateau. »