Ecole et Résistance : les élèves de l’Académie de Reims vont plancher
Le sujet retenu pour 2023 est “L’Ecole et la Résistance : des jours sombres aux lendemains de la Libération”. Un thème passionnant, présenté dans une brochure éditée par la Fondation de la Résistance et déjà distribuée à tous les professeurs, engagés avec leurs élèves de 3e et de lycée dans ce concours national, qui fête ses 61 ans cette année. Comme l’a indiqué dans son édito Gilles-Pierre Levy, le président de la Fondation : « C’est la première fois que ce concours (…) invite les candidats à se pencher sur l’histoire de l’institution scolaire française durant la Seconde Guerre mondiale. »
Marc Bloch ou René Cassin
Une quarantaine de professeurs de l’Académie de Reims et plusieurs organisations telles que la Licra, l’Onac, les Archives départementales et la Fondation Charles-de-Gaulle ont participé à cette réunion de travail à Colombey, dont le point d’orgue a été la conférence du directeur scientifique de la Fondation de la Résistance : Fabrice Grenard. Pendant près d’une heure, ce spécialiste a présenté les grandes lignes de ce sujet. L’occasion de revenir sur quelques figures marquantes de cette désobéissance civile : des professeurs et des instituteurs tels que Marc Bloch, Jean Zay, Georges Guingouin ou Lucie Aubrac. L’occasion aussi d’étudier les témoignages de quelques Français libres à Londres, ceux qui ont le plus réfléchi à cette nouvelle réforme de l’éducation, comme René Cassin, qui était commissaire à l’instruction publique, mais également tous les jeunes Français libres anonymes qui ont suivi l’Appel du général de Gaulle en partant pour Londres. « Les Français libres sont souvent très jeunes, une vingtaine d’années. Parce qu’il s’agissait de partir pour une aventure incertaine. Ceux qui ont fait ce choix n’avaient rien à perdre, ni travail ni famille. C’est pour cette raison que c’était surtout des lycéens et des étudiants. Après il faudra les former : ainsi est née l’Ecole des cadets de la France libre, créée en Grande-Bretagne par le général de Gaulle de 1941 à 1944 ».
Dans l’Hexagone, les enseignants sont parmi les premiers à se lancer, en 1940, 1941 et 1942 dans des actions de contre-propagande, en publiant des tracts et des journaux clandestins. Ils disposent du capital culturel pour le faire, de qualités rédactionnelles et du matériel adéquat, parce qu’à cette époque, beaucoup d’instituteurs étaient aussi secrétaires de mairie.
Un vaste sujet, donc, éclairé aussi par l’intervention de Sophie Junien-Lavillauroy, professeur d’histoire, directrice des projets pédagogiques à la Fondation Charles-de-Gaulle (à propos de l’école des cadets de Londres) et de Damien Halter, du service éducatif des Archives départementales (pour les ressources documentaires sur les écoles touchées et les instituteurs engagés dans la Libération). Le colloque a été organisé et animé par Loïc Gigaud, chargé de mission mémoire au Mémorial, et Pascal-Eric Lalmy, inspecteur académique et inspecteur pédagogique régional (histoire-géo).
De notre correspondante Aurélie Chenot
Un spécialiste
Agrégé et docteur en histoire, Fabrice Grenard dirige le département recherche et pédagogie de la Fondation de la Résistance, située aux Invalides, à Paris. Historien spécialisé dans la “Drôle de guerre”, le “marché noir” et les maquis, Fabrice Grenard intervient aussi également à la télévision sur de nombreux sujets ayant trait à la Résistance. Auteur d’ouvrages reconnus (“La France du marché noir, 1940-1949” ; “La traque des résistants” ; “Le choix de la résistance, Histoires d’hommes et de femmes” ; “Ils ont pris le maquis”), il a écrit une biographie très fouillée de l’instituteur devenu résistant Georges Guingouin (“Une légende du Maquis, Georges Guingouin, du mythe à l’histoire”, Vendémiaire, 2014) que De Gaulle lui-même a défini comme « l’une des plus belles figures de la Résistance ». Il l’a fait Compagnon de la Libération, l’un des rares communistes dans ce cas (douze sur 1 053 récipiendaires).
ENSEIGNEMENT. Dans le cadre de la préparation au Concours national de la Résistance et de la déportation (CNRD), un grand colloque a été organisé vendredi 2 décembre, en distanciel, au Mémorial Charles-de-Gaulle. Le sujet de cette année est centré sur “L’Ecole et la Résistance”.