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Au temps des lavoirs

A l’entrée du village.

Au XIXe siècle, l’ingéniosité humaine et les disponibilités financières ont conduit les municipalités à utiliser les berges aquatiques pour faciliter la tâche féminine et établir ce qu’on a appelé “les lavoirs au fil de l’eau”.

A Dommarien, près de Prauthoy, on découvre ainsi deux lavoirs pleins de charme : le premier, près d’une passerelle, très discret et visible seulement en flânant au milieu du village. Le second, plus important, aux abords du pont d’entrée du village. De courts poteaux de bois massif posés sur un empilage de dés de pierre soutiennent une robuste charpente. Inhabituel, le versant le plus allongé de sa couverture se situe en arrière de l’eau. Des dalles plates et des pavés rustiques bordent le rectangle de lavage.

En septembre 2003, l’entreprise Gilles Meunier, de Chassigny, en a commencé la restauration : enlèvement d’une partie de la charpente, démontage du mur pierre par pierre, creusement des fondations puis remontage en installant un drainage pour éviter les infiltrations. Les dalles d’une épaisseur de 15 à 20 cm ont été déposées puis replacées bien d’aplomb et scellées.

De même, la couverture a été réinstallée, la crèche y a été mise à Noël et des fleurs y ont été plantées afin de lui donner une nouvelle jeunesse.

Avant la généralisation des lavoirs, les grandes lessives s’effectuaient en général deux fois l’an. On respectait les interdits, pas question de laver au moment d’événements religieux. Le Carême, entre autres, laissait planer ses menaces sur l’entretien du linge, menaces qui se poursuivaient durant la Semaine sainte, surtout le vendredi, jour où l’on aurait fait mourir son mari dans l’année et fâché Véronique, la sainte patronne des lavandières.

En général, on s’abstenait de changer draps et chemises le vendredi pour éviter d’attirer le malheur dans la maison. Le lavoir était déserté le dimanche où l’eau devait se reposer tout comme la besogne. Des dictons entretenaient les superstitions qui ont perduré jusqu’au cours du XXe siècle.

L’idée de la mort était attachée aux trois jours précédant l’Ascension car « laver aux Rogations ferait sortir un corps de la maison » ou bien « l’intrépide laveuse serait au lit pour la moisson ». Pendant des décennies, le lavoir réunit une assemblée exclusivement féminine, l’équivalent du café pour les hommes. De méchantes langues disaient « au lavoir, on blanchit le linge et on salit le monde ! »

Il arrivait que les enfants soient admis à aider malgré la réputation néfaste envers de chastes oreilles. Bien des médisances sans restriction apportaient en retour la récrimination du voisinage surtout quand le lavoir jouxtait l’église, l’école ou la place du village. On y préparait ou défaisait les mariages mais aussi les réputations et les élections municipales.

Les femmes y trouvaient la compagnie de leurs semblables, tout en jouissant d’un minimum de liberté que la loi autorisait peu et d’une ambiance familiale à travers laquelle l’aide spontanée savait se manifester.

De notre correspondant Marc Kesseler

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