Charles Joisten, le conte est bon
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Denis Diderot, Jeanne Mance, Sabinus, Michel-Henry… Des Langrois, au fil des siècles, ont su marquer l’Histoire de leur empreinte.Mais, à côté de ces héros incontournables, ils ont été nombreux à avoir une grande carrière dans leur domaine, tout en restant inconnus, ou presque, à Langres. Ce sont “les illustres inconnusde Langrois”. Aujourd’hui, Charles Joisten.
C’est l’histoire d’une passion adolescente… devenue le fil conducteur de toute une vie. Né à Langres en 1936, le jeune Charles Joisten déménage, après la Seconde guerre mondiale, dans le Sud de la France, à Gap, en compagnie de sa famille. C’est en ce lieu que, durant l’hiver 1950-1951, un malencontreux accident lui vaut une jambe cassée. A 14 ans, immobilisé pendant plusieurs semaines, Charles Joisten s’ennuie et dévore tous les livres qui lui passent sous la main.
C’est ainsi qu’il tombe sur une obscure somme de l’ethnologue Arnold van Gennep, étudiant scientifiquement le folklore, et autres contes et légendes, des régions françaises. Un véritable électrochoc pour Charles Joisten qui se passionne immédiatement pour le sujet. Van Gennep regrettant, dans son étude, ne pas avoir trouvé beaucoup d’informations sur les légendes de Hautes-Alpes (où réside Charles Joisten), le jeune homme, dès le printemps suivant, se met immédiatement en quête d’informations et rassemble, en quelques mois, de nombreux éléments sur le foklore des Hautes-Alpes. Pour le moins audacieux, l’adolescent se rend ensuite au domicile de Van Gennep, à Bourg-la-Reine, pour lui présenter ses découvertes.
Impressionné, le maître décide de co-publier avec Charles Joisten, pourtant mineur, l’analyse des contes et légendes mis au jour par le jeune homme. Ayant désormais sa voie tracée, Charles Joisten poursuit son travail durant toutes les années 1950 en étendant ses recherches à la Savoie et au Dauphiné.
Par la suite, il ira en Occitanie, en Ardèche, dans le Puy-de-Dôme et deviendra le plus grand folkloriste de la partie sud de la France. S’installant à Grenoble à la fin des années 1960, il prend en 1970 la direction du Musée dauphinois de la cité, qu’il conservera jusqu’à sa mort prématurée, en 1981. Parallèlement, il fonde en 1973 Le monde alpin et rhodanien. Considérable et tentaculaire, le Fonds Charles-Joisten est, aujourd’hui, toujours conservé au Musée dauphinois Grenoble, où il fait la joie des visiteurs et l’objet de fréquentes conférences.
Nicolas Corté
n.corte@jhm.fr