La MJC fait son cinéma commence avec le lobbying
Culture. « La MJC fait son cinéma » a été lancée ce lundi 14 novembre. Au programme de cette soirée de lancement, la projection de Goliath, un film sur lobbying dans l’agro-alimentaire, suivie d’un échange autour de la « justice et l’environnement ».
Ce lundi 14 novembre, au cinéma A L’Affiche, la « MJC fait son cinéma » a été lancée avec un ciné-débat sur le film Goliath devant quelque 70 personnes. Les spectateurs ont découvert le monde du lobbying et de l’agro-alimentaire partagé par le réalisateur Frédéric Tellier, qui a enquêté pendant deux ans sur le scandale du glyphosate. Néanmoins, le film a choisi de mettre à l’honneur la tétrazine.
« Tendre vers moins de pesticides »
S’en est suivi le débat sur la « justice et l’environnement » avec l’avocate Stéphanie Blanchard et Vincent Montibert, chef de service Haute-Marne à l’office français de la biodiversité (OFB). Avant même la fin du générique, une personne intervient. « On a du boulot ! » L’avocate Stéphanie Blanchard prend la parole : « Le film est un peu plombant, mais il est très efficace. L’histoire est très proche de celle du glyphosate et de la façon dont elle a été gérée pendant les présidentielles. Depuis, la France a déjà été condamnée deux fois pour inaction climatique. »
Arrive évidemment la question de l’interdiction des produits phytosanitaires. Vincent Montibert, de l’OFB, y répond. « Il y a des réglementations européennes. L’objectif est de tendre vers moins de pesticides et, dans certains cas, d’en proscrire. » Maître Blanchard souligne : « Il serait difficile de tout interdire du jour au lendemain, surtout que les intérêts économiques sont très forts. Cela s’est illustré avec les néonicotinoïdes et la filière de la betterave ». Par ailleurs, elle pointe : « Les politiques sont élus cinq ans. Ils n’ont pas de vision à long terme. »
Dix milliards de bouches
« C’est un film militant et peut être à charge, mais on y voit deux choses. La première est qu’à Bruxelles, le politique a abandonné son pouvoir face aux lobbies. Au fond du fond, la seconde est nourrir l’humanité », indique Paul Fournié, premier adjoint à la mairie. Il demande alors aux intervenants : « On entend souvent dire que le système français fait parti des plus vertueux au monde. Est-ce que c’est vrai ? ». Sa question n’a pas trouvé de réponse précise, mais a amené des réflexions sur la manière de subvenir aux besoins d’une population grandissante.
« Avec l’Ukraine, on voit que la première question est le partage des richesses. Les pays sont capables de nourrir dix milliards de personnes. Maintenant, il faut voir comment le faire avec moins de pesticides. Aujourd’hui, on a des solutions qui vont au-delà du Round Up et du glyphosate », déclare Vincent Montibert. Il interroge ainsi certaines pratiques : « Est-ce qu’il faut faire pousser du maïs dans du sable, dans les Landes ? L’OFB se positionne contre, après c’est une question politique ».
Lanceurs d’alerte
D’autres interventions ont soulevé les mécanismes du système politique dépeints par le film. « La loi sur les lanceurs d’alerte vient de sortir en France. On est en retard sur le sujet, pourtant il est nécessaire. Beaucoup de personnes ne vont pas au bout des procédures. C’est beaucoup de travail pour pas beaucoup de résultats », indique Stéphanie Blanchard. Qui souligne : « Si l’arsenal pénal existe, nous, les avocats, n’avons pas vocation à aller chercher les victimes ».
Des questions ont également soulevé des points précis du film, notamment sur le terme d’écoterrorisme. « Notre ministre de l’Intérieur a dû le regarder ! Quand on voit les militants et les lobbies, on se demande qui sont les terroristes », soulève un participant.
Julia Guinamard
Goliath : des militants face à des lobbies
Réalisé par Frédéric Tellier, Golitath dépeint le monde du lobbying dans l’agro-alimentaire à travers trois portraits croisés. L’un se concentre sur un lobbyiste travaillant pour un géant de l’agrochimie, joué par Pierre Niney. Un autre dévoile un avocat défendant des personnes victimes des effets secondaires de la tétrazine, incarné par Gilles Lellouche. Enfin, Emmanuelle Bercot donne vie à une militante d’un collectif anti-pesticides.
Ces trois portraits apportent de la diversité. On retrouve le lobbyiste à des sommets internationaux, à l’Elysée ou à Bruxelles, mais aussi au sein de son cercle familial. L’avocat permet de mettre la lumière sur la justice, les médias ou encore sur les menaces exercées par de grands groupes. Enfin, l’activiste dévoile les coulisses du militantisme, que ce soit lors de réunions publiques, au moment des préparatifs d’une action de désobéissance civile ou encore en manifestation.