Hôpital : le projet Rolampont en terre chaumontaise
Une réunion d’information sur le projet de plateau technique à Rolampont s’est déroulée à Châteauvillain, en terre chaumontaise. Même si le public était peu nombreux, les discussions ont été âpres. Elles ont mis en avant des divergences profondes entre les deux territoires.
Très intéressante réunion d’information ce 14 novembre à Châteauvillain. Les non-dits, les désaccords, les incompréhensions, les absences ont été plus parlants que n’importe quel discours. Les membres du comité de pilotage « Égalité Santé », venus des terres langroises, y ont détaillé leur projet pour les hôpitaux du centre et sud Haute-Marne qui se caractérise par la construction d’un plateau technique à Rolampont. Jhm quotidien a présenté ce projet dans ses colonnes le 5 novembre.
Le premier fait marquant de cette réunion d’informations est, sans doute, le nombre très faible de participants et donc de potentiels usagers. Ils étaient 20. Pas plus ! Alors que les appels à manifester ou les conférences dans le sud du département attirent un grand nombre de personnes, il est compliqué d’expliquer cette faible affluence en terre chaumontaise.
Le désintérêt de la population pour le sujet ? La certitude que les choix sont déjà effectués au profit du premier projet qui positionne le nouvel hôpital à Chaumont et officialise la gradation des soins ? Ou la sensation que deux territoires vivent des vies parallèles et n’ont rien à se dire avec le sud qui s’agite et surestime ses forces et le centre qui ne se sent pas concerné ?
Ces chaises vides dans la salle des fêtes de Châteauvillain marquent aussi l’absence des élus chaumontais qui auraient pu apporter la contradiction ou, tout du moins, écouter avec respect les arguments des défenseurs du contre-projet. Ils diront qu’il s’agissait d’une réunion publique mais ils y avaient, assurément, leur place.
Malgré tout, même si la salle était parsemée, les échanges entre les membres du Copil et quelques opposants au projet de Rolampont ont été violents avec la sensation qu’à aucun moment les différents intervenants parlaient de la même chose. Par exemple, dix fois, 20 fois, 30 fois, les docteurs Molli et Soumaire de Chalindrey se défendent d’une démarche politique. Or, le projet n’est que politique puisque tous les sujets ramènent à la vie de la cité (santé, aménagement du territoire, ruralité…) et, à force de rappeler cette absence de politisation, des phrases ou des attitudes montraient bien que le sujet trempe dedans.
Par exemple, lorsqu’il est demandé pourquoi Anne Cardinal défend désormais le premier projet alors qu’elle était dans le Copil, le Dr Molli lui prête la volonté de sauver sa prochaine élection à la mairie de Langres. Dans la salle, à l’inverse, il est prêté les mêmes intentions au Dr Olivier Delong en faveur de son épouse Sophie.
La politique s’insère dans le projet
Que dire de la présence de Jacques Rachet, assistant parlementaire de Charles Guené ou d’Eric Darbot, président du pôle d’équilibre territorial et rural du Pays de Langres? Le comble est sans doute venu du Dr Molli qui demande à chacun de s’interroger sur la défaite de Bérangère Abba aux élections législatives au profit de Christophe Bentz du Rassemblement national. En clair, elle aurait payé sa position en faveur d’un projet qu’elle a contribué à construire.
Dans les échanges, au-delà du constat unanime de la faillite de l’offre de soins sur les territoires ruraux, les désaccords portaient sur la place accordée à l’hôpital public et privé dans ce projet de Rolampont. Le Copil répond que des accords interdisent les dépassements d’honoraire dans le privé. Les syndicats comme la FSU estiment que « c’est donné 80 millions d’euros au privé (coût estimé de l’opération sans compter la rénovation de l’hôpital de Chaumont et des infrastructures routières) » en déclamant aux médecins présents : « vous êtes la clinique Elsan ».
Le Copil est même présenté par la FSU comme « un groupe de pression, un lobby » s’abstenant de toutes consultations démocratiques.
Le syndicat fait allusion à la conférence des maires du sud du département et du vote qui n’ont aucune portée puisque ceux du centre de la Haute-Marne n’étaient pas représentés. Les propos du syndicat pointaient ainsi le doigt sur le décalage entre les deux territoires, entre Chaumont et Langres. A chaque bout de phrases, sur les deux zones, les élus et praticiens répètent qu’il ne faut pas opposer les deux territoires.
Or, en toute bonne foi, ils ne s’entendent pas, ne s’écoutent pas et ne parlent plus le même langage. Forts des manifestations sur leur terrain, les membres du Copil ont la certitude du bien-fondé de leur projet. Ils en sont convaincus et sont sincères. Problème : dès qu’ils sortent de leur zone comme avec ces réunions d’information, ils tombent de leur chaise en rencontrant des oppositions. Le Dr Olivier Delong en était la meilleure preuve ce lundi soir.
Même idée lorsqu’ils estiment qu’ils ont tous les maires ruraux de leur côté. Ceux du sud du département sans doute mais en aucun cas ceux du centre. Ils se bercent d’illusions… en toute bonne foi.
La réunion s’est clôturée par une question venue de la salle sur les prochaines étapes. La réponse de l’Agence régionale de santé et donc de l’État est prévue à la mi-décembre. Les représentants du Copil espèrent, en attendant (mais n’est-ce pas trop tard ?), convaincre la population et la Préfecture. Dans le cas inverse, ils parlent de « coup d’épée dans l’eau » et clôturent par un « advienne que pourra ».
Frédéric Thévenin
Le Copil « Égalité Santé » propose une réunion publique ce lundi 28 novembre, à 18 h, à la salle du patronage laïque de Chaumont.