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Deux affaires de violences conjugales au tribunal de Chaumont

Ils insultent, ils frappent, ils dominent, ils humilient, si courageux qu’ils sont. Les affaires de violences familiales renvoient  à une forme d’emprise, un asservissement au cœur des vies de jeunes ou vieux couples, sans distinction de classes sociales. Deux affaires ont été jugées cette semaine au tribunal correctionnel de Chaumont.

Acte I : l’alcool, comme souvent

Au-delà de violences gratuites, primaires, féroces, imposées par de véritables bourreaux domestiques, les dossiers de violences conjugales sont souvent liés à différentes formes de misère favorisant la commission de faits répréhensibles. Exemples, à la barre, cette semaine.

Salarié, déclarant des revenus mensuels de « 2 300 à 2 400 euros nets », Tony P a un problème, l’alcool. Une addiction affectant également une compagne de mauvaise fortune. Madame a été violentée par monsieur par le passé comme en témoigne une condamnation à huit mois de prison, peine assortie d’un sursis probatoire, prononcée le 10 juin 2022. Dans le cadre de cette décision, Tony P était visé par une interdiction d’entrer en contact avec la victime. Une mesure régulièrement violée, parce que les couples, aussi toxiques soient-ils, ça se rabiboche.

« Après ma condamnation, je pensais qu’elle allait trouver un foyer, mais elle a fini dans un squat, elle a été hospitalisée mais elle s’est sauvée en pleine nuit, elle est venue chez moi, j’ai voulu l’aider », aura rappelé le quadragénaire. Il a été placé en détention sur décision du juge d’application des peines suite à une interpellation intervenue le 30 août 2022, à Saint-Dizier, dans l’appartement où le Bragard accueillait régulièrement sa compagne.

Cette dernière a dénoncé de nouvelles violences. Il est question d’un coup de poing. Quand ? Affectée par une « détérioration mentale pathologique », la victime a le mémoire qui flanche. Il est également question de claques. « Un coup de poing, non, quand elle se réveille la nuit, avec son alcool et sa drogue, elle trébuche et elle se fait mal. Elle me réveille la nuit pour faire l’amour, ça m’énerve, oui, une fois, je lui ai mis une gifle. (…) Depuis ma condamnation, j’ai arrêté de taper, depuis juin, il y a juste eu une gifle ». Madame a confié être « revenue par amour ».

Le couple est-il appelé à se reformer ? Le prévenu est catégorique. Blessant. « Il ne faut plus que je la reprenne, il faut que je déménage ». Qu’en pense madame ? Absente, la victime n’a pas souhaité se constituer partie civile. « Monsieur a été condamné en juin 2022, il a été incarcéré après ne pas avoir respecté une interdiction de contact, il est sorti de prison le 7 novembre 2022 et il se présente aujourd’hui en victime », finit par tonner madame le procureur Pelletier avant de requérir une peine de quatre mois de prison ferme. Me Grosjean le rappela, au nom du récidiviste. « Madame revient systématiquement à la charge ! »

Décision ? Quatre mois de prison ferme, dans la droite lignée des réquisitions. Le condamné devra par ailleurs respecter l’interdiction de contact notifiée dans le cadre de sa précédente condamnation.

Acte II : « La tête de ma mère, je te pulvérise »

Lutter contre la récidive… Un objectif prioritaire. Tony P n’a pas changé de comportement suite à une première condamnation. William O non plus. La langue française est riche et fleurie. « La tête de ma mère, je te pulvérise ». « Vous allez toutes vous prendre une volée ». « Salope de mort ». « T’es morte ma grande ». « Suceuse de schmitts ». Madame s’y est rendue, chez les « schmitts », pour déposer plainte, rien de plus. William O a été condamné en octobre 2021 suite à des violences imposées à sa compagne, la mère de sa fille.

Madame a dénoncé de nouvelles violences tout en attestant de ses craintes en adressant de multiples et explicites textos à sa sœur. William O reconnaît avoir un langage fleuri. « Ce ne sont pas des menaces, chez nous, on parle comme ça, salope de mort, ce n’est pas une insulte Chez nous, quand on vit ensemble, quand on a un enfant, c’est pour la vie, on ne se sépare pas ». Me Grosjean fit état d’une forme de culture. Celle de « gens du voyage ». William O ne voyage pas, monsieur vit dans un appartement, à Bricon. Pour le reste, la loi est la même, pour tout le monde, peu importe la culture.

Les conflits seraient liés à des menaces de séparation. « Elle cherche à faire son intéressante. Oui, je lui ai déjà mis une claque, j’ai été condamné, depuis, il ne s’est rien passé, elle veut me pourrir la vie, avoir la garde de l’enfant », déclara le prévenu, faisant fi de la portée de violences verbales et psychologiques.

Présente en salle d’audience, la victime entretint un certain doute. « Il m’insulte, il me pousse à bout, je veux juste qu’on se sépare, j’ai déposé plainte pour accélérer les choses », nota madame tout en reconnaissant avoir été rabaissée, enfermée. Frappée ? « Des tapettes, des petites gifles ». Il y a pourtant de l’amour… « Je suis amoureuse de lui, je menace de me suicider ou de porter plainte pour le faire réagir, pour qu’il se décide à travailler ». Monsieur aurait du mal à trouver du travail alors que les entreprises haut-marnaises manquent de bras. « A cause de mon nom ! »

Décision ? Six mois de prison, le tout assorti d’un sursis probatoire comprenant des obligations de soins et une interdiction de contact avec la victime, hors modalités définies par un juge aux affaires familiales.

T. Bo.

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