Édito – En quête du juste milieu
La question des migrants est ballottée entre les ports méditerranéens. L’Ocean Viking, avec sa cargaison des damnés de la Terre, sera finalement accueilli à Toulon. Une issue qui clôt un bras de fer entre Italiens et Français, spectacle navrant entre deux pays plus que frères par l’Histoire, la culture et la langue. Mais le problème de fond demeure.
Michel Rocard, alors Premier ministre, est l’auteur de la formule qui a fait florès : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ». Sauf que son propos a été tronqué. « Mais elle doit en prendre sa part », avait-il ajouté. Là est le défi que doivent relever tous les gouvernants. Il rend inopérantes les solutions proposées par l’extrême droite (zéro immigration et renvoi des illégaux) et par l’extrême gauche (on ouvre notre porte à tous les migrants en situation irrégulière).
Il s’agit donc de trouver le juste milieu, et d’établir des règles d’accueil qui prennent en compte, non pas la pitié, mais la solidarité humaine. Au moment où certains nous rappellent les racines chrétiennes de nos sociétés européennes on ne peut passer à la trappe la charité. Mais, dans le même temps, les opinions publiques se préoccupent d’abord, et on peut les comprendre, de nos aptitudes économiques et sociales à absorber une immigration incontrôlable. La régulation en amont, plus que la régularisation en aval, pourrait apporter un début de solution. Encore faudrait-il mener une chasse féroce aux passeurs. A l’évidence ils mènent leur sale besogne avec une grande impunité, car ils sévissent dans des pays pas vraiment mécontents d’exporter leurs difficultés vers l’Europe.