Les yeux vers le ciel, à la recherche des vols de grues
A l’occasion de la Fête de la grue, qui s’achève ce 30 octobre, de nombreuses animations ont célébré l’animal emblème du lac du Der. Une rando-grue était organisée ce 26 octobre, par le Village musée du Der, avec une cinquantaine de personnes.
On se croyait parti pour une balade de quatre heures, on galère à rattraper un groupe parti à 14 h pile du Village musée du Der. La rando-grue porte bien son nom, et il y en a pour 10 km à ce rythme. Ouf, une pause, Alain Vanderschooten, le guide nature spécialisé, évoque le territoire tant apprécié par les grues. « Le der, en celte, c’est le chêne. Ici, vous aviez une grande forêt de chênes. D’ailleurs, les arbres utilisés pour la charpente de Notre-Dame proviennent d’ici. On n’en fait plus des comme ça, ils sont exploités avant d’être aussi âgés et ils partent en Chine ». Respect pour cette végétation.
Jadis, les grues se sont d’ailleurs arrêtés ici car elles ont découvert que les glands, « c’était très nourrissant ». Comme il y en avait beaucoup, l’escale s’avérait très intéressante. Et puis, les moines ont défriché, les bois se sont transformés en clairière et en champs de maïs. « Il leur faut plus de maïs mais c’est toujours aussi nourrissant pour les grues ». Surtout, cette culture est plus sûre que la production sauvage des glands. Face à cette période d’abondance, la population d’oiseaux a augmenté, avec deux jeunes par nichée.
Détails sur la végétation
Mais de grues, à part deux familles en train de voler au lointain, toujours rien à admirer. Sinon, il y a le Moulin du charme, qui n’en manque pas, il est vrai. Le guide en profite pour une explication sur les habitations à pans de bois, qui ont fait la richesse architecturale de la région. On traverse un bosquet, l’occasion de sentir la lupuline, nichée dans les inflorescences du houblon sauvage. Une odeur pas très agréable rabrouée par les randonneurs.
On s’avance sur le sentier, quelques grues mangent dans les champs, à 300 m. Là encore, pour les voir, c’est compliqué. En revanche, on a droit à deux hélicoptères militaires qui rasent presque le sol, et aux Rafales qui ne veulent pas nous quitter, hélas.
Retour dans un bosquet, avec la rencontre de quelques ceps de vignes millénaires, plantés par les moines au Moyen-Age, et désormais protégés. La nature fait bien les choses tout de même. On suit la digue sans trop y croire et puis, soudain, vers 17 h, elles arrivent, reconnaissables à leur cri “krooh”, perceptible à 5 km. Volant en petits ou gros groupes, en V, les voici qu’elles passent au-dessus de nous. Si proches, on distingue bien le ventre, les ailes, la tête. Elles filent vers le lac, où elles vont pouvoir se reposer. « Beaucoup ont passé la journée à se nourrir dans les champs aux alentours, et le soir, elles reviennent dormir », ajoute Alain Vanderschooten. Bien sûr, il y a aussi celles qui arrivent de la migration d’Allemagne, de la Scandinavie et du nord-est de l’Europe.
La randonnée touche à son terme, on se rapproche du Village musée du Der et c’est le feu d’artifice. Dans le ciel, sans arrêt, on distingue les groupes de grues cendrées qui arrivent et passent au-dessus des randonneurs. On se croirait à un aéroport international, quand on devine les avions poindre le bout de leur nez, et qui grossissent de plus en plus jusqu’à les voir se poser. On se sent presque cerné par ces volatiles. Ca crie dans tous les sens. C’est vivant. Spectacle fascinant de ces grues qui reviennent chaque année retrouver leur dortoir, sur l’île de Chantecoq.
Marie-Hélène Degaugue
D’autres rando-grues sont organisées les 2 et 9 novembre. Départ 14 h depuis le Village musée du Der.