Panique à bord – L’édito de Patrice Chabanet
Poutine n’est pas un grand chef, mais il sait manier, sinon avec talent, du moins avec habileté, la langue de bois. L’armée russe rencontrerait, à l’en croire, des « difficultés administratives ». Un bel euphémisme pour dire panique à bord. Les militaires de ce qui nous fut longtemps présenté comme la deuxième armée du monde piétinent depuis des mois sur la ligne de front, incapables de mener une contre-offensive d’envergure. Les « difficultés administratives » sont structurelles et renvoient à de lourdes défaillances dans l’organisation. Les leçons des précédents conflits n’ont pas été tirées. Avant d’attaquer la Russie, l’armée napoléonienne avait été profondément restructurée, sous la férule de Napoléon. Idem pour la Wehrmacht en 1941 avec l’opération Barbarossa, préparée avec minutie et discrétion, malgré son ampleur (quatre millions de soldats engagés dans la bataille…). Dans les deux cas, pour des raisons jugées condamnables aujourd’hui, la population était derrière son armée.
Les poutiniens pourront toujours arguer que le sort des armes a fini par être favorable à la Russie. Mais la froide observation des faits ne laisse apparaître aucun retournement en faveur de Moscou. On imagine mal l’armée russe marcher sur Kiev. Elle donne plutôt l’impression de chercher désespérément une porte de sortie. Poutine n’est pas Mikhaïl Koutouzov, le vainqueur de Napoléon. Il s’affaisse dans des aveux tardifs sur les lacunes de son armée. Mais rien ne pourra arrêter sa chute. Non seulement sous les coups de boutoir de la vaillante Ukraine mais aussi devant les assauts de tous ceux qui, en Russie, voudront lui faire payer la facture de la défaite.