Chez Yanmar, des difficultés de recrutement qui forcent à l’évolution, à Saint-Dizier
EMPLOI. L’Usine Yanmar, à Saint-Dizier, est toujours en phase de recrutement. Mais la direction rencontre des difficultés à pourvoir les postes aussi bien chez les cadres qu’en production. En cause, le manque de qualification d’un côté, et le challenge d’attirer les cadres à Saint-Dizier, de l’autre.
Dans le bassin d’emploi de Saint-Dizier, le taux de chômage est important. Pourtant, certaines entreprises proposent des postes, sans pour autant réussir à recruter autant qu’elles le voudraient. C’est le cas de Yanmar. L’entreprise japonaise possède une unité de production à Saint-Dizier « Actuellement, nous avons une vingtaine de postes, le plus ancien est ouvert depuis un an », confie le directeur de l’usine Jean-Yves Béal.
Une bonne raison de partir et une bonne raison de rester
Mais alors quelles sont les raisons qui rendent le recrutement difficile ? En ce qui concernent les métiers de la production, on se heurte à des problèmes de qualification que l’on retrouve dans l’industrie en général. « On peut former les gens, mais après, le risque, c’est qu’ils s’en aillent », craint le directeur. « On essaie d’évoluer, de donner plus de souplesses aux postes, on recrute avec des organismes de formation et Pôle emploi. » Au bout de la formation, l’emploi est quasi-assuré.
Côté cadres, le recrutement n’est pas plus aisé : il faut déjà pouvoir attirer des candidats. « Localement, on a peu de gens disponibles », constate Jean-Yves Béal. « Et pour ceux qui sont à l’extérieur, ce n’est pas facile de les faire venir à Saint-Dizier. On ajoute à cela un peu de surenchère sur les salaires… »
Car il y a comme une inversion de paradigme dans le recrutement de certains postes. Auparavant, les candidats pouvaient difficilement faire la fine bouche dans un contexte où l’offre d’emploi était faible et le chômage important. Désormais, le rapport de force a changé. Il faut aller chercher des candidats qui sont souvent déjà en poste ailleurs.
« Il y a peu de réponses aux annonces et quand il y en a, il faut trouver une bonne raison de les faire partir. Ça peut être rentrer dans leur région natale pour ceux qui sont partis et qui souhaitent revenir, où alors donner des perspectives de carrière plus intéressantes. » Exemples parmi d’autres, pour l’instant, que ce soit pour le recrutement d’un cadre dans le domaine de la comptabilité, ou d’un responsable « supply chain », « qui sont pourtant des postes intéressants et à responsabilité », on ne se bouscule pas au portillon.
Changement de mentalités
De nouvelles exigences, côté candidats, ont aussi fait leur apparition, en particulier sur le télétravail. Et puis, autre problématique, une fois le personnel embauché, il faut le garder. « On a du mal à fidéliser les nouveaux », reconnaît Jean-Yves Béal, qui constate également des changements de mentalité chez les jeunes dans leur rapport au travail. Des changements qu’il faut prendre en compte : : « désormais, les jeunes attachent beaucoup d’importance à l’équilibre entre leur vie professionnelle et leur vie personnelle ».
Le directeur de Yanmar ne désespère pas pour autant « Dans ma carrière, des problèmes de recrutement, j’en ai toujours eu », lâche-t-il. « Il faut faire avec. Ça nous amène à évoluer, à rester vigilant pour garder le personnel que l’on a et maintenir les gens motivés ».
Fr. T.