Un petit tour… – L’édito de Christophe Bonnefoy
Il paraît qu’on a les hommes (ou femmes) politique qu’on mérite. Formule qui veut à la fois tout dire et ne rien dire, et bien sûr systématiquement utilisée lorsque ça va mal. Un peu l’idée du “tant pis pour vous, fallait pas voter pour eux”.
C’est vrai en France. C’est vrai dans les départements. C’est vrai jusque dans nos villes et nos villages. Mais en l’occurrence, tout se passe cette fois ailleurs. Pas très loin mais ailleurs. A peine aura-t-on eu le temps de retenir le nom de la nouvelle Première ministre britannique – Liz Truss, presque un nom d’actrice -, que la voilà sur le départ. Un petit tour et puis s’en va. Au moins pourra-t-elle inscrire sur son CV qu’elle a vu la reine s’éteindre et le nouveau roi investir le trône. Et qu’elle fut, pour le coup, la première dont le roi reçut la démission. Ou encore qu’elle restera la femme d’un record : celui du passage le plus court à ce poste dans l’histoire britannique moderne. Six semaines.
Sur le fond, Liz Truss paie une sorte d’amateurisme. En ces temps de crise du coût de la vie – on appelle ça pouvoir d’achat chez nous – et de grande instabilité politique, l’idée d’un mini-budget qui prévoyait des aides aux factures énergétiques mais aussi des baisses d’impôts massives n’est pas passée. Pas parce que l’idée était mauvaise. Mais parce que rien, dans ce plan, n’était financé. Au suivant. Mais pas sûr que son successeur arrivera à rétablir une confiance réduite à peau de chagrin.
Tiens tiens, on se croirait finalement presque en France. Comparaison n’est pas raison. Mais avouons que sur bien des points, on baigne aussi ici dans une sorte de malaise persistant. Par exemple à l’Assemblée, où l’on a parfois l’impression d’évoluer dans une foire d’empoigne permanente. L’utilisation du 49.3 en est l’un des symptômes.
On aime moquer nos voisins d’outre-Manche. Gentiment. Mais pour le coup, on se gardera bien de leur donner des leçons…