L’eau ne dort plus – L’édito de Patrice Chabanet
L’automne chaud qu’on nous annonçait n’est toujours pas là. Comme d’habitude, serait-on tenté de dire. Mais il faut se méfier de l’eau qui dort. Elle commence à se troubler dans les stations service. En cause : les conflits sociaux qui font tache d’huile dans les raffineries. Il serait illusoire de n’y voir qu’un prurit catégoriel. La bonne santé économique du pays (recul du chômage et croissance maintenue, malgré l’ombre d’une récession qui se profile) libère par contagion les revendications salariales dans de nombreux secteurs. Même Alain Minc, qui ne passe pas pour un marxiste invétéré, dit comprendre ce réveil syndical. Une façon de concéder que le risque social devient supérieur à celui d’une envolée de l’inflation. Qu’on le veuille ou non, une augmentation générale des salaires est en effet peu ou prou inflationniste.
Le gouvernement est bien embarrassé. Il ne peut que conseiller, sans imposer, dans un conflit finalement classique qui oppose entreprises privées et salariés. Il peut aussi libérer une partie des stocks stratégiques, mais sans excès : la gravité de la guerre en Ukraine nous impose de préserver nos réserves de carburants. On ne sait jamais…
Malgré tout, une légère éclaircie est apparue ce dimanche après-midi. La direction de TotalEnergies s’est dite prête à ouvrir dès maintenant des négociations salariales prévues en novembre. On attend aujourd’hui la réponse syndicale. De ces très modestes tentatives de rapprochement dépend l’issue d’un conflit emblématique. Notre pays ne peut pas se payer le luxe d’une contestation sociale qui deviendrait incontrôlable.