Aborder sexe et vie sentimentale au foyer de vie
Six étudiants en soins infirmiers sont intervenus ce mercredi 5 octobre à l’Établissement d’accueil non médicalisé de Chaumont. Par groupes, ils sont intervenus auprès des résidents sur un thème tabou pour ces personnes en situation de handicap : le sexe et la vie affective.
Le sexe et la vie affective des personnes en situation de handicap fait partie d’un des plus gros tabous actuels. « Il n’est pas simple à aborder, même pour les professionnels du secteur », explique Christophe Foizel, chef de service de l’Établissement d’accueil non médicalisé – Association pour adultes et jeunes handicapés (EANM-Apajh) de Chaumont. Consciente de ce problème mais aussi de l’importance de l’aborder avec les résidents, la structure a demandé aux élèves infirmiers d’intervenir sur ce sujet.
Chaque année, l’Institut de formations en soins infirmiers (IFSI) de Chaumont intervient effectivement dans l’établissement dans le cadre du cursus des élèves. Pour que les ateliers servent réellement, les étudiants interrogent la structure sur ses besoins. Après avoir identifiés ce grand thème d’actions, ce sont les résidents qui ont participé au choix des animations en répondant à un questionnaire précis sur le sexe et les relations avec les autres. « On est venus les rencontrer pour qu’ils répondent à quelques questions. Le but était de comprendre leurs attentes. »
Questions concrètes sur le sexe
Une semaine après, soit le mercredi 5 octobre, ces six élèves en deuxième année à l’IFSI sont donc revenus avec, dans leur bagage, trois ateliers. Répartis en groupe, les résidents en situation de handicap ont donc participé à chaque animation, guidés par deux étudiants. « A-t-on le droit de regarder des vidéos pornographiques ? », a par exemple demandé Hugo.
Les résidents, d’abord un peu gênés, ont répondu mais sans vraiment être sûrs de ce qu’ils avançaient. Pas grave, on peut se tromper et, justement, les intervenants sont là pour expliquer les réponses concrètement. Cette fois-ci, ils ont affirmé que oui, si on a plus de 18 ans. L’atelier du faire/ne pas faire a provoqué quelques interrogations et a pu rassurer les résidents. Cette fois, ils sauront. Peut-on se masturber ? Quelles différences entre pornographie et pédopornographie ? Peut -on toucher le sexe d’un adulte avec son consentement? « On a appris des choses qu’on ne savait pas », explique l’une des résidentes à l’issue de l’animation.
Un des ateliers portait sur la différence entre l’amour et l’amitié. Tour à tour, les participants ont dû choisir des images qui représentaient l’un ou l’autre concept et expliquer pourquoi. Raphaël, par exemple, a beaucoup aimé l’activité et n’a pas s’empêcher, sur plusieurs photos, de s’identifier lui avec sa copine.
Moment gênant autour du thème du sexe
Mais l’atelier qui a provoqué le plus d’émotions reste celui sur le préservatif. Autour d’un jeu de l’oie, les participants devaient répondre à des questions sur l’usage du préservatif. Si certaines personnes ont été très gênées de participer au point de ne pas trop parler, le groupe suivi par Hélène et Laurène a beaucoup ri.
Il y avait un peu d’inconfort, traduit par les sourires, mais aussi de la curiosité face à ce sujet. Ensemble, ils ont donc répondu à des questions concrètes. A quoi sert le préservatif ? Où se le procurer ? Où et à quel moment le mettre ? Comment l’ouvrir ? A la fin, les volontaires ont même testé la pose du préservatif, sur un pied de chaise.
Du côté de la structure, Christophe Foizel, Nicolas Escalier, directeur adjoint et Laure Schlatter, accompagnante éducatif et social, sont ravis de l’impact de ces ateliers, surtout qu’une grande majorité de leurs résidents y a participé. Ils continueront ce travail avec eux par la suite, notamment dans leurs groupes d’expression, d’autant qu’une personne est spécifiquement chargée des addictions dans l’établissement et que le sexe peut en être une.
Quant aux étudiants, ils vont maintenant pouvoir analyser leur pratique. Cette mise en situation les aidera forcément dans quelques semaines lorsqu’ils interviendront en milieu scolaire sur un autre thème de santé publique.
Laura Spaeter