Claude Laurent, le souffle du succès
CES ILLUSTRES INCONNUS DE LANGROIS. Né à Langres en 1774, l’horloger Claude Laurent s’est reconverti dans la fabrication de flûtes, et a breveté, au début du XIXe siècle, une ingénieuse flûte en cristal. Installé ensuite à Paris, le Langrois a vu ses productions devenir extrêmement recherchées et cotées.
Il est revenu dans la lumière par la grâce… d’une méga-star du rap américain. Flûtiste de formation, la rappeuse Lizzo a créé le buzz en se produisant, fin septembre, à Washington, avec une splendide flûte en cristal, qui fut jadis la possession du quatrième Président des Etats-Unis, James Madison. Cet instrument rare a, en réalité, été réalisé par un natif de Langres : Claude Laurent. Inconnu des Langrois comme du grand public, Claude Laurent est une sommité parmi les musicologues et les amateurs de pièces musicales de collection.
Né le 4 décembre 1774 à Langres, Claude Laurent est le fils d’Etienne Laurent, aubergiste, et d’Anne Juy. Il se destine, pendant ses jeunes années langroises, à l’horlogerie, et développe un commerce en ce sens dans la cité de Diderot. Réputé, il devient, à à peine 20 ans en 1794, membre suppléant de la commission révolutionnaire chargée d’établir un nouveau système horaire. Mais il va très vite, en s’établissant à Paris au début du XIXe siècle, se tourner vers un autre genre d’artisanat d’art.
Mélomane et musicien, Claude Laurent est, en effet, passionné de flûte, sous toutes ses formes. En 1806, il dépose un brevet pour une ingénieuse et prestigieuse flûte en cristal à cinq clefs, qui remporte, la même année, la médaille d’argent à une exposition parisienne consacrée à la facture d’instruments. Ce succès le conduit à définitivement abandonner l’horlogerie pour se lancer dans la création de flûtes en cristal. En quelques années à peine, il devient un facteur extrêmement célèbre, et ses instruments, au design sans cesse amélioré, deviennent rapidement des objets cotés et prisés.
Une flûte Claude Laurent acquise par Napoléon
Outre l’instrument de Madison, offert en 1813 au président américain, l’empereur Napoléon Ier lui-même acquiert une flûte de Claude Laurent, à peu près à la même époque. L’empereur d’Autriche François Ier en fait, lui aussi, l’acquisition. Au fil des décennies, Claude Laurent confectionne un certain nombre de flûtes. Son atelier se développe, et il peut compter sur cinq ouvriers à son service durant les années 1840. Il meurt à Paris en 1849.
De nos jours, la flûte en cristal de Claude Laurent est extrêmement recherchée des collectionneurs. Il n’en subsiste que quelques dizaines de connues, et leur mise en vente constitue à chaque fois un événement. Ces dernières années, l’une de ses créations rarissimes en cristal bleu — il n’y en a plus que deux connues de ce type —, ayant appartenu à Louis Bonaparte (frère cadet de Napoléon), a été vendue pour 37 000 €. En 2019, lors d’une vente aux enchères à Vichy, une autre flûte Laurent a trouvé preneur pour 27 280 €.
Nicolas Corté
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