Crise ouverte à Lamancine entre un éleveur et le maire
Elevage. A Lamancine, la famille Michel se plaint du traitement qui lui est réservé par la commune. Tout commence par la pose d’un tuyau de rejets d’eaux usées sur la parcelle exploitée par Frédéric Michel. Tout s’envenime avec une tension extrême faite d’insultes et de menaces.
Frédéric Michel est agriculteur à Lamancine depuis 1989. Il produit du lait, de la viande et des céréales avec l’intention d’installer un neveu. Alors qu’il était pleinement investi dans sa commune, qu’il vivait une existence paisible en famille et au niveau de son exploitation, la situation s’est fortement dégradée avec une ambiance de terreur qui règne au niveau de la commune. Toute la famille Michel est à fleur de peau.
Tout a commencé en août 2019 avec des travaux réalisés dans un pré qu’il exploite. Alors que Frédéric Michel était en vacances et sans en être averti, un tuyau en PVC est enterré dans sa pâture pour évacuer les eaux usées de la maison voisine ; en l’occurrence celle de Michèle Gianino, le maire actuel de Lamancine et alors adjointe au conseil municipal. Il découvrira la nature de ce tuyau en mai 2021.
Au-delà du manque d’explications et d’une pratique pour le moins étrange sachant que le rejet d’eaux usées dans la nature est interdit, l’éleveur constate que plusieurs de ses vaches qui accèdent à cette pâture dépérissent, « se dessèchent » et plus particulièrement en été, lorsqu’elles s’approchent du déversement. En deux ans, cinq vaches meurent et les analyses font apparaître des anémies. A cela s’ajoute le manque de lait après le tarissement des vaches qui fréquentent le site et, surtout, la présence d’un taureau acheté sain et mort comme un squelette très rapidement.
Se mettre aux normes dans les 4 ans
Frédéric Michel commence alors un long chemin de croix. Il signale les faits à la DDSCPP puis à la DDT puis à la police de l’eau pour enfin aller vers le service public d’assainissement non collectif (Spanc) en juillet 2021. Il met en avant la mortalité bovine et les rejets de matière grisâtre. Le Spanc le renvoie alors vers la maire mais, comme il le dit, « elle est partie prenante et essaie de minimiser le problème ». Le Spanc constate néanmoins la non-conformité de l’installation et oblige les propriétaires de la maison à se mettre aux normes dans les 4 ans.
L’éleveur reste convaincu de la nuisance des rejets en donnant pour preuve le fait que la mise en place d’un périmètre de sécurité a stoppé les décès d’animaux. Pour ces conséquences dramatiques, il dépose plainte auprès du procureur en août 2021 et est renvoyé vers la gendarmerie de Colombey. Une enquête est ouverte avec autition des parties prenantes et, en mars 2022, elle est classée sans suite pour « infraction insuffisamment caractérisée » et parce que le déversement a été effectué par « imprudence ou négligence ».
Autant dire que ces derniers termes ne convainquent pas Frédéric Michel tout comme les prélèvements qui ont eu lieu en période de fortes pluies, en hiver, quand tous les rejets sont dilués. Il se dit écoeuré en constatant une perte approximative de 10 000 € en animaux, les soins qui ont « coûté une fortune » et les démarches de qualité comme « la Route du lait » qui aurait pu être entravée. Le tout alors que « le métier est compliqué ».
Ambiance délétère à Lamancine
Le problème est que les relations au sein du village s’enveniment encore davantage par la suite avec une série de lettres, SMS et autres techniques qui tournent, selon la famille Michel, « aux injures, aux menaces, à la diffamation et jusqu’au refus de permis de construire en représailles ». La commune va jusqu’à exprimer sa volonté de reprendre le bail de Frédéric Michel sur des parcelles alors que cela est totalement interdit. Les faits sont signalés aux gendarmes et une plainte a été refusée pour cause de prescription.
La famille Michel sent la volonté de les discréditer. Particulièrement fragilisée par l’ambiance qui règne dans le village, elle souhaite la réouverture d’une enquête et demande le retrait du tuyau et la fin des insultes. « Nous espérons le rétablissement de la vérité et des torts. Il en va de notre honneur ».
Frédéric Thévenin
L’avis du maire
Sur la présence du tuyau de rejets dans la pâture, Michèle Gianino explique qu’il a été posé avec l’accord de la propriétaire sachant que l’assainissement s’était bouché en 2019. Sur l’obligation faite par le Spanc de se mettre aux normes, elle répond qu’elle a prévu de le faire. Elle a quatre ans à partir de 2021. Et sur l’ambiance qui règne dans sa commune, elle estime qu’elle n’est « pas mauvaise du tout » et les habitants s’entendent correctement.
Alors, le maire de Lamancine s’interroge : « ce tuyau n’a jamais gêné jusqu’au refus d’un permis de construire. De toute façon, la plainte a été classée sans suite avec aucune incidence avérée sur les animaux. Avec le périmètre, tout est réglé ». Elle considère que les problèmes viennent du refus du permis et non pas du tuyau et de la mort des animaux.
Quant au rapport avec la famille Michel, elle dit « ne plus s’en occuper. Il y a trop de méchancetés et de mensonges. Elle n’existe plus ».
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