Perthes : le cambriolage de trop pour la gérante du restaurant
FAITS DIVERS. Le restaurant routier Chez Serge, situé à Perthes le long de la N4, a fait l’objet d’un cambriolage, dans la nuit du 2 au 3 octobre. L’épisode de trop pour la gérante qui veut que cela se sache.
« Je veux que ça se sache, que l’on sache ce que je vis en permanence depuis dix ans. » Les larmes coulant sur son visage, Marie-Louise Desanlis est encore très touchée, lundi 3 octobre, à l’heure du midi. Dans la nuit précédente, le restaurant-routier “Chez Serge” qu’elle gère depuis 2012 a été cambriolé. Et c’est loin d’être la première fois que ça arrive à l’établissement situé le long de la RN4, à Perthes.
Les faits
Lundi, il est 4 h du matin quand l’alarme du restaurant retentit. Alertée, la société de surveillance prévient immédiatement la propriétaire, lui précisant toutefois qu’« aucun bruit ne retentit à l’intérieur ». Pensant à un animal, Marie-Louise Desanlis, la propriétaire, ne se rend pas sur place. C’est à 7 h du matin, une fois son barman arrivé, qu’elle vient aux nouvelles. Ce dernier découvre l’ampleur des dégâts : de l’eau dans la cuisine suite aux robinets qui ont été ouverts, les extincteurs arrachés et vidés, une partie de la chambre froide, de la réserve et du congélateur dévalisée, une vitre cassée, une grille arrachée, l’armoire à pharmacie dégradée… Les récentes livraisons de viande et de poisson, du papier-toilette, de l’essuie-tout font partie du butin des malfaiteurs.
Dans le champ situé à l’arrière de l’établissement, là où l’un des extincteurs a été retrouvé, on peut voir des traces de quad qui partent en direction de Sapignicourt. Sur place, les gendarmes de la communauté de brigades de Doulevant-le-Château ont effectué leurs constatations et procédé notamment à trois relevés d’empreintes.
Les conséquences
Lundi après-midi, la gérante est allée déposer plainte à la gendarmerie de Montier-en-Der. Outre les dégâts matériels, le restaurant n’a pas pu assurer ses services. D’abord, faute de produits pour le midi. Ensuite, à cause des produits chimiques liés à la fumée des extincteurs : « Même emballée ou protégée, toute la marchandise était bonne à jeter. Une entreprise spécialisée devait venir pour désinfecter », confiait la sœur de la victime. Du chiffres d’affaires à la poubelle, en plus de celui qui ne tombe pas : « Nous avions un repas d’entreprise avec douze personnes », déplore la patronne. Sans oublier les clients habituels (nous en avons croisé deux), qui compatissent : « Le plus important, c’est vous », répond l’un d’eux à la patronne qui s’excuse, en larmes, de ne pouvoir les servir au midi.
Les traces psychologiques sont également importantes. Marie-Louise est désabusée parce qu’elle subit depuis une décennie. Vols dans son restaurant et sur son parking, agressions, menaces, insultes, caillassage de ses biens personnels, départs de feu, fermetures contraintes… L’accumulation est importante. Comme l’explique son barman, au moins « une centaine de plaintes » ont été déposées depuis qu’elle est à la tête de l’affaire. Un dossier bien épais, entre photos, procès-verbaux ou coupures de presse, qu’elle tient à nous montrer. De même que son petit agenda, et ce n’est pas pour noter ses rendez-vous : « Je note chaque jour ce qu’il s’est passé. Il y a deux jours, vol d’essence. Il y a quinze jours, un chauffeur et un client caillassés… », et bien d’autres.
Si Marie-Louise tente de garder le moral, c’est pour sauver son affaire et l’emploi de ses cinq salariés. Mais la situation devient intenable. « Je n’en veux pas aux gendarmes car ils font ce qu’ils peuvent », tient-elle à souligner. En revanche, avec les auteurs des faits, « au bout d’un moment ça va mal finir… »
Louis Vanthournout
Gendarmerie : qui fait quoi ?
Le 1er août dernier, le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (Psig) de Saint-Dizier voyait le jour. L’une des conséquences de la mise en place du Territoire de sécurité urbain et rural (Tsur), dispositif inédit mis en place à l’échelle du Triangle : Vitry-le-François-Saint-Dizier-Bar-le-Duc. Comme le rappelle le commandant Régis Turlan Arto, « leur mission principale est d’intervenir le cas échéant en direct d’un événement ». Même si les gendarmes renforcent leurs passages sur la Nationale 4, ils n’ont pas assisté au cambriolage en temps réel. En revanche, ils n’ont pas vocation à enquêter.
A l’inverse de la communauté de brigade de La Porte du Der. Perthes étant l’une des 17 communes rattachées, c’est pour cette raison que Marie-Louise Desanlis est allée déposer plainte là-bas. Manquant de forces en présence lorsqu’ils ont été alertés à 7 h du matin, ce sont leurs collègues de Doulevant-le-Château (rattachée à la brigade de Wassy) qui se sont rendus sur place. Ils ont ensuite envoyé leurs constatations aux gendarmes de Montier qui sont chargés de l’enquête qui est en cours.