Comprendre les projets éoliens pour mieux les accepter

Energie. L’éolien anime de nombreux débats. Le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA) y est favorable. Pour dépasser les clivages, le CEDRA a ainsi organisé une conférence sur le développement d’un projet éolien, ce mardi 27 septembre, à Is-en-Bassigny.

« C’est la première fois que le Collectif contre l’enfouissement des déchets radioactifs (CEDRA) organise une conférence sur l’éolien. On se rend compte que le sujet est clivant », explique Juliette Geoffrey, porte-parole du CEDRA.

Ainsi, Yves Royer, ingénieur des mines et auteur du livre « Éole, du souffle pour nos campagnes » a animé une conférence à Is-en-Bassigny, la première commune de Haute-Marne à avoir eu un parc éolien. Ce mardi 27 septembre, une quarantaine de personnes étaient réunies à la salle des fêtes pour comprendre comment un projet éolien est élaboré.

Un projet de parc commence toujours par un travail cartographique. Les critères sont nombreux et certaines zones ne peuvent pas en accueillir. Viennent ensuite l’analyse de données météorologiques, les expertises sonores et paysagères, des études sur la faune et la flore. Une fois tous les curseurs de l’étude passés au vert, le projet peut commencer à se mettre en place.

Protéger la faune

« L’acoustique se mesure grâce à un travail scientifique et d’ingénierie », indique Yves Royer. Comme pour le secteur industriel, le son émit ne doit pas dépasser 3 dB à 10 km à la ronde. Au pied d’une éolienne, ce seuil est fixé à 45 dB. « Si les 3dB sont dépassés, les éoliennes sont arrêtées », souligne l’ingénieur des mines.

Du côté de la faune, l’ingénieur des mines pointe : « Le vrai impact sérieux est sur les oiseaux et les chauves-souris ». Et il souligne : « Il y a peu d’impact sur le gibier pendant l’exploitation des éoliennes. Par contre, il y a en a pendant leurs travaux. C’est pourquoi ils sont fixés en fonction des périodes de reproductions des différentes espèces ».

C’est également ce qui explique l’arrêt des éoliennes lors de la migration de certains oiseaux, notamment pour le Milan Royal qui passe par Is-en-Bassigny. Une autre mesure pour protéger la faune est d’arrêter les éoliennes lors du déchaumage et du labour des champs. Pour cause, ces activités attirent les rongeurs et ainsi les rapaces.

Une opinion divisée

En tant que média, participant de fait à façonner l’opinion publique, JHM quotidien a été évoqué maintes fois. Yves Royer accuse « notre quotidien régional » de diffuser du contenu anti-éolien. Il a notamment projetté la première page d’un journal datant de juin 2007. « Pas question de voir ça », indique le titre de la « une », illustrée par une photographie d’éoliennes prise depuis les remparts de Langres.

L’ingénieur des mines souligne qu’en tant que ville touristique, l’expertise paysagère était plus stricte pour ne pas nuire à l’attractivité de la commune. « L’expertise paysagère est très compliquée car elle relève en partie d’une appréciation personnelle. Généralement, une quarantaine de points de vue sont vérifiés à 30 km à la ronde et des photos montages sont réalisées pour avoir un idée », explique Yves Royer.

Entre pros et antiéoliens, pros et antinucléaire, les débats ont été vif. Chacun tentant de démontrer que telle ou telle pratique était plus néfaste. Tout comme il n’y a pas d’activité humaine sans impact sur l’environnement, Yves Royer soulève : « Quelle forme d’énergie est vertueuse ? On cherche encore ».

Julia Guinamard

j.guinamard@jhm.fr

L’intermittence de l’éolien

La question de l’intermittence de l’éolien, c’est-à-dire son incapacité à assurer une production d’électricité continue à cause du manque de puissance des batteries actuelles, a été abordée par le prisme du scénario Négawatt.

Réalisée par l’association éponyme, le scénario propose des trajectoires pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2050 avec un mix énergétique à 96 % renouvelable. Les lignes directrices se basent sur la sobriété – en priorisant les besoins essentiels-, l’efficacité énergétique – en diminuant la quantité d’énergie nécessaire pour satisfaire un besoin -, et le développement du renouvelable.

En suivant les préconisations de Négawatt, le besoin énergétique serait ainsi divisé de deux tiers. « Bien sûr que ça demande un changement d’habitude, mais, aujourd’hui, on voit bien qu’on ne peut pas continuer comme ça », indique Juliette Geoffrey, porte-parole du CEDRA.

Où sont les constructeurs français ?

Un tableau des principaux fabricants de turbines d’éoliennes a été dressé. Le top trois se compose du danois Vestas, du chinois Goldwind et l’espagnol Siemens Gamesa. « Le Danemark a été le premier pays à lancer les premiers constructeurs de turbines d’éoliennes », souligne Yves Royer. En quatrième position se trouve l’américaine General Electric. Dans le top dix, la chine compte dix entreprises. « Les entreprises chinoises sont très présentes, mais c’est parce que la Chine installe beaucoup d’éoliennes sur son territoire », précise l’ingénieur des mines.

Quant aux entreprises françaises, elles sont absentes. « Alstom a tenté d’en faire un peu, mais ça n’a pas marché. La trajectoire de la France sur l’éolien n’était pas claire. Les industriels ont besoin d’une vision à long terme se développer. »