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Les gendarmes dans la ferme de Sébastien Riottot

Gendarmes et agriculteurs apprennent à se (re)connaître en Haute-Marne

Les gendarmes dans la ferme de Sébastien Riottot
Parmi tous les gendarmes présents, un seul vient du milieu agricole.

Gendarmes. Face aux infractions dans les fermes et aux agressions envers les agriculteurs, la Chambre d’agriculture de la Haute-Marne a invité la gendarmerie départementale afin de sensibiliser les gendarmes en poste et les jeunes recrues aux réalités du monde agricole.

Le 22 septembre dernier, près d’une quarantaine de gendarmes venus de l’ensemble de la Haute-Marne se sont frottés à l’agriculture du département. L’idée de la Chambre d’agriculture représentée par Bernard Flammarion était d’échanger autour du métier sachant que « de plus en plus de recrues viennent de l’urbain ».

Cette journée allait dans le sens de la cellule Demeter de 2020 mise en place pour « lutter contre des dérives inacceptables ». L’élu référent de la Chambre pense au vol de matériels et à l’agribashing. Pour lui, il est important que les gendarmes et surtout les nouveaux gendarmes connaissent la réalité des fermes, « loin des réseaux sociaux ou des associations partisanes ».

« Aller vers les exploitants pour les aider dans les démarches de sécurisation »

Colonel Eric Luzet commandant du groupement de gendarmerie de la Haute-Marne

Pour Bernard Flammarion, la réalité agricole, ce sont des engins sur les routes, la moisson tard le soir, les nuisances olfactives, des bruits de machines, des animaux qui s’échappent parfois… « L’agriculteur fait de son mieux pour ne pas gêner mais il demande une certaine compréhension de la population ». Or, cette compréhension passe aussi par les gendarmes. « L’agriculture fait partie intégrante du territoire tout comme les gendarmes ».

Observer et prévenir

Il ajoute qu’en parallèle à cette action de meilleure connaissance réciproque, les deux parties ont mis en place le dispositif “Alerte Agri 52”. Ce réseau d’alerte par SMS permet de signaler les vols à 54 agriculteurs enregistrés. Par secteur, ils sont avertis de vols et sont appelés à la vigilance. Selon Bernard Flammarion, « l’objectif est d’observer et de prévenir ».

Si l’homme regrette que « les agriculteurs ne soient plus connus et encore moins reconnus », le colonel Eric Luzet, commandant du groupement de gendarmerie de la Haute-Marne, souscrit pleinement à l’idée de donner l’opportunité aux jeunes gendarmes d’entrer dans les fermes. « Il est important d’entrer au contact des professionnels pour connaître leur environnement ».

Le colonel parle de la volonté de percevoir les enjeux agricoles et de se connaître mutuellement étant donné le contexte international et la sécheresse. Il y voit un véritable enjeu sécuritaire. « Nous devons aller vers les exploitants pour les aider dans les démarches de sécurisation et de sécurité ». En exemple, il donne les vols de GPS, les vols de carburant et le tracteur volé chaque jour en France. Il en profite pour donner l’ordre à ses troupes d’entrer dans les fermes, de nouer contact et conseille aux agriculteurs de porter plainte à chaque infraction.

Frédéric Thévenin

f.thevenin@jhm.fr

La ruralité et ses exigences

La journée de rencontre entre gendarmes et agriculteurs a été illustrée par la visite de la ferme de Sébastien Riottot, à Latrecey. L’éleveur de volailles et céréalier a tenu à mettre en avant « la ruralité et ses exigences ». Il s’explique : « les villages sont distancés les uns des autres et surtout des villes avec une impression de sécurité mais les vols et les dégradations sont nombreux. Il est important de retrouver de la proximité. Les gendarmes ne sont pas que dans le répressif et sont demandeurs de dialogue. Il faut reconstituer les réseaux qui existaient autrefois ».

Au programme de la visite : la sécurisation des bâtiments qui abritent des objets de valeur (outils, GPS, tracteur, carburant, engrais…), la présence des engins sur la route « qui peuvent être gênants, le pulvérisateur qui sort la nuit non pas pour se cacher mais pour des raisons d’hydrométrie et de meilleure efficacité dans l’application des produits, l’épandage des effluents et du fumier qui entraînent des salissures des routes mais aussi le bien-être animal et les intrusions illégales dans les élevages.

Pour Sébastien Riottot, cette communication est un début. « L’agriculture s’est renfermée sur elle-même comme toutes les activités. Nous devons nous ouvrir aux autres, ouvrir les fermes pour expliquer ce que nous faisons. En plus, cela pourrait permettre de recruter sachant que nous manquons de bras ».

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