Messages malveillants et coup de pompe à vélo égalent 10 mois de prison avec sursis
Une relation amoureuse a pris fin le 2 août, à Chancenay près de Saint-Dizier, après que Sébastien a porté un coup de pompe à vélo sur la jambe de son amie, qu’il avait copieusement insultée. A laquelle il avait adressé des messages malveillants plus avant. L’homme de 46 ans a écopé de 10 mois avec sursis.
« Tu es vraiment une grosse p… », « Va te faire e… », « Rappelle ou t’es morte »… pareils messages peu amènes, Sébastien en a adressés quelques-uns à son amie, à partir du 1er mars et jusqu’au 2 août. Ce jour-là, le prévenu qui comparaît devant le tribunal judiciaire de Chaumont, vendredi 23 septembre, « voudrait l’oublier ». Le 3 août, le juge de la liberté et de la détention le placera sous contrôle judiciaire, et lui enjoindra l’interdiction de contacter son amie, de porter une arme. Il l’obligera également de soigner son addiction à l’alcool. C’est que la veille, à Chancenay, la relation amoureuse et vache a pour le coup volé en éclats : Sébastien est passé à l’action. « Quand je consomme de l’alcool, je pars assez vite ». Et c’est fâcheux, en somme : cet homme de 46 ans se décrit comme « quelqu’un de calme, très posé ».
« Je ne me laisse pas faire… mais sans aller trop loin »
« Le 1er août, déjà, on avait eu une dispute sur fond d’alcool ». Le président du tribunal Philippe Mathieu reprend les déclarations de l’amie de Sébastien. Le 2 août, le couple, en balade à vélo, fait une pause en s’asseyant sur un banc. « J’avais senti qu’il avait bu, il était très agressif ». En s’entendant traiter de « s. », la petite amie « ne se laisse pas faire… mais sans aller trop loin ». C’est que Sébastien est énervé. « Viens ici que je te défonce la g… ». Elle veut partir, il la ceinture pour lui prendre son mobile. Après avoir tenté de s’interposer, un fils de Sébastien se dit « écœuré ». Les insultes continuent de pleuvoir. « Grosse p…, grosse s.… ». Avec une pompe à vélo, Sébastien frappe son amie au niveau de la jambe. Une patrouille de police, qui se trouve passer par là, met aussitôt fin à cette scène violente. Le coup de pompe à vélo a été donné avec vigueur : la victime se verra prescrire 4 jours d’ITT. « Je ne nie pas les faits, je regrette profondément ».
« Elle est jalouse, elle me pousse à bout »
« C’est sa jalousie, elle croyait que je couchais avec une collègue ». Au total, la partie civile « pousse à bout » Sébastien. Qui précise que ce 2 août, il était saoul. Avant de convenir qu’il est « le fautif ». Pourtant, il « l’aime énormément ». Avec sa compagne, ils étaient « ensemble » depuis 7 mois. Si chacun avait gardé son logement, ils « se voyaient tous les jours ». Mais sa compagne a fait état de « deux autres épisodes de violence » pendant ce laps de temps. « Elle a raison ». Sébastien se souvient « l’avoir serrée au niveau de la bouche », l’autre fois, il ne sait plus comment il s’y est pris.
« Non, ce n’est pas un petit coup de pompe »
« On a le sentiment qu’il y a toujours une cause exogène ». Le substitut du procureur Alexandre Djindian insiste en outre sur la minimisation des faits par le prévenu. « Ce n’est pas un petit coup de pompe comme il l’a dit ». Alors, non, « pas question de parler de féminicide, mais ce jour-là, on ne sait pas ce qui est passé dans sa tête ». Et, cette consommation d’alcool, le ministère public « doute qu’il puisse la gérer », contrairement à ce qu’il prétend. Certes, son casier judiciaire porte une mention « assez lointaine » (un mois de prison avec sursis en 2000) et un rappel à la loi, et reste sobre au travail. Et de requérir une peine de 12 mois de prison avec sursis assortis d’un sursis probatoire de 24 mois, avec une obligation de soins au-delà de son addiction, un stage de sensibilisation et de prévention sur les violences en couple, une interdiction d’entrer en contact avec la victime, et de se présenter à son domicile. Dans sa plaidoirie, Me Roland Aidan estime le sursis probatoire « indiqué ». Il sursaute en revanche sur le montant des dommages et intérêts réclamés par la victime. « Mille euros ? Votre jurisprudence me semble bien moins généreuse… ».
Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné le prévenu à 10 mois de prison avec sursis probatoire de deux ans, et a suivi point par point les autres réquisitions du représentant du parquet. Sébastien devra également verser 750 € à la partie civile.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr