La classe – L’édito de Christophe Bonnefoy
Roger Federer aura été classe tout au long de sa carrière. Dans la victoire, évidemment. Et il en a connues énormément. Dans la défaite, toujours. Elles ont été plus rares. Et même aujourd’hui, alors qu’il vient d’annoncer vouloir poser la raquette pour une retraite forcément méritée.
D’ailleurs, le joueur suisse ne prend pas sa retraite. Il tire sa révérence. Nuance. Comme un prince. Comme un roi, qu’il fut pendant de très nombreuses années. Impérial, mais élégant. Elégant, il l’a toujours été, humainement. Au sens large. Mais surtout, personne ne pourra lui enlever un palmarès qui l’érige désormais au rang de légende dans sa discipline. Jugez plutôt. Federer, c’est tout simplement, si l’on peut dire, 20 titres du Grand chelem. Certes moins que Nadal (22) ou Djokovic (21). Mais beaucoup plus que les stars d’antan. C’est, aussi, et ça contribue à cette classe naturelle qui restera à jamais, huit Wimbledon remportés sur le gazon britannique. Dans l’antre de l’élégance, justement. Au total, Roger Federer aura remporté pas moins de 103 titres sur le circuit professionnel et été numéro un mondial 310 semaines au total.
Même dans la douleur, il aura été grand. Revenu alors qu’on le pensait fini. Ressuscité, presque, quand on pensait le voir s’acharner en vain, à retrouver les sommets. Nadal et Djoko ont encore faim de victoires et de records. Federer, lui, vient sans doute de relever son plus grand défi : sortir en beauté. A 41 ans, il sait que son corps ne peut plus être aussi fort que sa tête. Il ne terminera pas comme ces champions qui ont connu le match de trop, la saison de trop.
Au sommet, il restera. Y compris par sa sortie. Classe.