Une marche à tâtons – L’édito de Patrice Chabanet
Incertitude oblige, l’art de gouverner n’a rien de linéaire. Ce que l’on croyait acquis non seulement pour les années à venir mais aussi pour les tout prochains mois est remis en question. Concrètement, l’ouvrage des mesures annoncées doit être remis sur le métier. Ainsi, pour faire face à la hausse des coûts énergétiques le gouvernement avait mis en place un bouclier tarifaire à durée limitée. Elizabeth Borne a annoncé hier sa prolongation. Pour combien de temps ? On ne le sait pas tant la France, comme ses alliés européens, reste tributaire de la bonne ou mauvaise volonté de Poutine.
Qui dit bouclier ne dit pas protection totale. Les Français devront mettre la main à la poche à hauteur de 15% de la hausse des produits énergétiques. C’est beaucoup et peu à la fois. Beaucoup par rapport à l’inflation, entre 6 et 10%. Peu grâce au bouclier tarifaire. Sans lui le coût de l’energie aurait fait un bond de plus de 100% pour les particuliers et les entreprises…De surcroît, les foyers modestes auront droit à un chèque exceptionnel de 100 à 200 euros selon le revenu.
Reste à savoir si la gymnastique budgétaire parviendra à convaincre les oppositions et l’opinion publique toujours attachées au même constat : « tout augmente ». Et à la même revendication : « Faire payer les riches ». Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne leur a donné un sérieux coup de main. Elle a proposé, hier à Strasbourg, un plafonnement des super-profits qui rapporterait 140 milliards d’euros aux Etats-membres. Un sacré retournement de situation. Ceux qui vouaient l’Europe aux gémonies trouvent aujourd’hui un allié de poids pour lutter contre ce cancer qu’est l’inflation.