Saint-Dizier : Muse, l’art à hauteur d’enfant

ON A TESTE POUR VOUS. Après la journée mouvementée d’inauguration, ce vendredi, nous avons pris le temps de visiter Muse pour vous. Une expo qui fait la part belle à la pédagogie et au public jeune. Mais pas que. 

C’est un sentiment étrange de pénétrer de nouveau dans la salle Aragon après tant d’années. Vestiges de ces temps anciens, des fauteuils rouges agencés dans l’entrée par l’Esat du Bois l’Abbesse rappellent d’ailleurs au public l’ancienne vocation du site.

La visite démarre par l’espace intitulé “Muse découverte”. Pédagogique et ludique cet espace, divisé en plusieurs parties, est un parcours qui a pour vocation de vulgariser l’Art et son histoire avec de nombreux dessins et des jeux. Les outils numériques permettent de rendre le sujet très abordable.

Interactivité

Une reproduction de la Vénus de Milo attire le regard. Sur un écran tactile, les visiteurs peuvent s’amuser à reconnaître les attributs des divinités grecques de manière interactive en déplaçant des images : le caducée d’Hermès, la chouette d’Athéna, etc. 

On enchaîne avec les découvertes des tombes mérovingiennes du Chêne Saint-Amand en 2002. Les concepteurs de l’exposition ont tenu à ce que des éléments artistiques et historiques locaux soient présents dans le parcours. A hauteur d’enfant, des petits trous dans la cloison permettent de voir à quoi servaient les objets découverts pendant les fouilles. On retrouvera ce système à plusieurs reprises.

Vient ensuite une vidéo de la tapisserie de Bayeux, créée vers 1607 en Angleterre. Sur l’écran, la tapisserie se déroule en grand format (elle mesure 70 mètres dans la réalité). Quelques pictogrammes permettent de comprendre immédiatement les dates importantes et les chiffres-clés liés à l’œuvre. Muse ne comporte aucune œuvre originale. C’est pour cela que le concept peut être dupliqué simultanément dans d’autres villes de France (Maubeuge, puis Barentin).

On continue de contourner le grand rectangle central. La Joconde est là, elle aussi, en grand format. Un puzzle que l’on peut manipuler permet de découvrir les variantes créées par d’autres artistes : Marcel Duchamp, Fernand Léger ou Invader et sa “Rubik Mona Lisa”. On apprend aussi pourquoi lorsque l’on se déplace devant son portrait, celle-ci semble nous suivre du regard.

Chaque œuvre est décortiquée et expliquée de façon simple et ludique. On aborde même le lien entre l’artiste japonais Hokusai (avec sa célèbre vague) et les mangas modernes. Un petit bouton permet d’ailleurs d’activer une ambiance sonore maritime devant le tableau.

Au centre de la petite pièce, une grande table ronde avec de petits tabourets permet aux enfants de se poser voire même de lire quelques livres ou mangas présents sur place.

Un dernier couloir s’attarde sur le célèbre tableau d’Eugène Delacroix “La Liberté guidant le peuple”, sur “La Nuit étoilée” de Van Gogh et enfin sur la Néréide de Mathurin Moreau exposée au musée de Saint-Dizier avec quelques explications sur la fonderie du Val d’Osne,

Immersion à Pompéi

A ce stade, en prenant son temps, panneau par panneau, il aura déjà fallu une bonne heure de visite, minimum. 

On arrive enfin au centre du dispositif. Le rideau franchi nous voilà dans un grand espace à la lumière tamisée, propice à la projection.

Un premier écran dépeint une façade de maison de Pompéi devant laquelle les habitants vaquent à leurs occupations en ombres chinoises. En arrière-plan, un écran géant est fixé sur le Vésuve qui entre soudain en éruption. Les deux scènes sont liées : une pluie de pierres et de cendres s’abat bientôt sur la façade en premier plan dans un bruit assourdissant. L’exposition se veut immersive, c’est réussi. 

Entre les éruptions, sur les trois écrans de la salle, de petits documentaires de quelques minutes décrivent la vie à Pompéi, son activité artistique, mais aussi ses nombreux mystères. On y découvre les techniques de fouilles qui permettent aux chercheurs de faire encore des découvertes aujourd’hui. Deux écrans interactifs complètent l’installation. 

Il nous aura fallu deux bonnes heures pour profiter du site, sans se presser, avec au final le sentiment d’avoir appris énormément, sans avoir vu le temps passer. 

Fr. T. 

f.thore@jhm.fr