Les habits de roi – L’édito de Christophe Bonnefoy
« C’est le moment que je redoutais ». Tels ont été les mots du nouveau monarque, à la… nouvelle Première ministre, Liz Truss, vendredi. A elle seule, cette phrase donne la mesure de la tâche qui attend le prince Charles. Pardon, le roi Charles III.
Dans un royaume où rien n’est jamais laissé au hasard, en particulier lorsqu’il s’agit de mettre en marche des protocoles ultra-millimétrés, on se doute bien que l’ex-prince n’est aujourd’hui pas pris au dépourvu. Il n’en reste pas moins qu’Elizabeth II semblait éternelle aux yeux des Britanniques, même s’ils savaient pertinemment qu’elle tirerait forcément sa révérence à très court terme. Raison principale, bien sûr : sa longévité. Nombre de ses sujets n’avaient jamais connu qu’une seule reine… Ils ont, aussi, quasiment toujours vécu avec Charles. Mais en ne retenant souvent du prince de Galles que les à-côté d’un parcours chaotique, dans la vie de la monarchie. Loin parfois des hautes fonctions qui lui étaient promises. Et victime, quelque part, de la mort d’une princesse extrêmement populaire…
Désormais roi, il doit, selon ses mots, endosser les « lourdes responsabilités » de la couronne. On pourrait presque dire que ça ne « rigole » plus. Bien évidemment, s’il n’intervient pas directement dans la vie politique du pays – à l’image de sa mère -, il devra, tout de même, composer avec une nouvelle donne, entre l’arrivée de Liz Truss et une crise sans précédent. Sur le plan international, pas mieux. Dans un monde on ne peut plus tourmenté, il y aura, là aussi, nécessité de très vite s’affirmer. Enfin, le voilà posé en nécessaire rassembleur… même au sein de sa famille. Il en est conscient, son tout premier discours n’a pas occulté la question. A demi-mots.
L’image d’un Charles couronné surprend, dans un premier temps. Gageons pourtant qu’il saura, lui aussi, très vite revêtir l’habit de roi. Ce que ses premières interventions ont, en partie, confirmé.