Michael Read : « La reine symbolisait le meilleur de l’Angleterre »

Fils de général, Mickael Read est né à Singapour, il y a 90 ans. Il a acquis le château de Rouvres-sur-Aube en 1988, pour y habiter. Au-delà de la peine, la mort d’Elizabeth II lui fait redouter le rabougrissement définitif de l’Angleterre.

« Quand un pays se rapetisse, c’est toujours triste… si on l’a connu à ses heures de gloire ». Aux yeux de Michael Read, le propriétaire du château de Rouvres-sur-Aube, la reine Elizabeth II servait de dernier rempart au délitement du Royaume-Uni. « La reine assurait sa cohésion ». Il voit dans « tout le temps consacré » sur les chaînes de télévision de France la preuve que si sa disparition témoigne le respect que la reine inspirait, il suscite dans le même temps de l’inquiétude. « Elizabeth II n’était pourtant pas la reine de France… ». Ni « en Amérique ou partout ailleurs en Europe », où l’on on assiste au même phénomène, insiste-t-il. « Tous les chefs d’État ont connu l’Angleterre parce qu’ils l’ont rencontrée, et non pas par le biais de ses premiers ministres… qui les ont moins impressionnés… ». Pas de doute, avec le décès de la reine, Michael a le sentiment que « (son) pays d’origine diminue ». Impression renforcée « car Charles n’est pas aimé » de la population. Qui « pense qu’il maltraitait Diana » et dont « les enfants n’ont pas réussi, sauf un ». Non, convient spontanément Michael Read, « ce n’est pas la faute des politiciens que d’avoir « intérêt » à se préoccuper de leur propre (ré)élection ». La reine avait pour sa part l’avantage d’avoir en somme la vie devant elle pour régner, « tant que le peuple l’accepte ». Et Michael de relever le cas du roi de Suède.

« Charles a eu des problèmes »

« Bien sûr que ces derniers temps, la santé de la reine m’alarmait ». Michael Read avait bien en tête que ses 96 ans ne jouaient nécessairement pas en sa faveur. « Elle n’était pas en pleine forme… ». Toutefois, il retient qu’ « elle avait toute sa tête » et gardait « un sourire vraiment lumineux ». Michael reste profondément meurtri par le décès de son épouse, il n’oublie pas qu’il a lui-même 90 ans. Aussi, quand la télévision annonce jeudi 8 septembre que « le programme est interrompu », il s’attend à la funeste nouvelle qui fait écho avec sa peine personnelle. Mais respire en apprenant qu’ « elle est morte vite », à l’inverse de sa chère femme. Mourir vite, « la meilleure des façons » pour tirer sa révérence, pointe-t-il. Même si aujourd’hui, il veut se convaincre que Charles saura être à la hauteur, d’autant qu’à l’âge de la reine, sa succession était préparée, « il a eu des problèmes ». Pourvu que ceux-ci « n’affectent pas son règne ».

Le Brexit, avant-dernier coup d’arrêt à l’ère de gloire

« Quand j’ai fait mon service militaire, l’Angleterre était un empire -le Commonwealth ». Comme la France avec jadis le Sénégal par exemple, ajoute-t-il. Le Brexit aurait été l’avant-dernier coup d’arrêt décisif au rayonnement de l’Angleterre. « Moi, j’étais très triste quand on a quitté l’Union européenne ». Michael revendique sa vie en territoire de France. Naturellement, la disparition de la reine l’a « ému », mais chacun à sa place en somme, « on n’était pas si proches ». Le mal relève d’un autre registre, qui même s’il est de l’ordre du bien commun à la place de l’affaire intime, est abyssal. « La reine symbolisait le meilleur de l’Angleterre… ».

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr