Nicolas Bogueret, maître-architecte de Genève
Ces illustres inconnus de Langrois. Denis Diderot, Jeanne Mance, Michel-Henry… De nombreux Langrois ont marqué l’Histoire. Mais d’autres, souvent méconnus des Lingons eux-mêmes, se sont illustrés en toute discrétion dans leur domaine. Ce sont les illustres inconnus de Langrois. Aujourd’hui, Nicolas Bogueret.
Si la question est posée à un architecte français, voire à un historien de l’architecture française, la réponse a toutes les chances d’être : « Inconnu au bataillon ». Il faut dire que le Langrois Nicolas Bogueret n’a guère brillé dans son pays d’origine, mais en Suisse, à Genève, où il a joué, au XVIe siècle, un rôle très important dans le développement de la cité suisse.
Nicolas Bogueret est né à Langres en 1537. Peu d’informations sont connues sur sa jeunesse, mais il est établi que le jeune Nicolas Bogueret a, très tôt, affiché son protestantisme — Il a d’ailleurs eu des contacts avec le futur Roi de France Henri IV —, ce qui lui a valu de vivre, à l’instar de la famille Michelin déjà présentée dans cette rubrique, des moments très difficiles dans une Langres alors très catholique. C’est la raison pour laquelle il décide, en 1570, de s’exiler et rejoint, comme nombre de protestants français, la cité suisse de Genève, dont il est fait citoyen d’honneur dès 1571.
Là-bas, Nicolas Bogueret peut enfin faire montre de l’ensemble de ses talents d’architecte, et gagne petit à petit en réputation. C’est lui qui, dès 1575, établit les plans de la salle du Conseil des Deux-Cents (le Parlement genevois). Trois ans plus tard, en 1578, il est en charge de la construction d’une partie de l’ancien hôtel de Ville, dont la fameuse rampe qui demeure aujourd’hui un élément architectural très apprécié. En 1588, il dirige les travaux d’agrandissement de la Grande Ile. L’année suivante, il est recruté pour élaborer les fortifications de la ville de Bonne (actuellement en Haute-Savoie).
Mais désormais Genevois de cœur, il choisit de revenir dans la cité suisse et y construit, en 1591, son œuvre la plus majestueuse : la tour de l’Horloge (photo) qui se dresse toujours, de nos jours, au centre de la place Molard. Symbole s’il en est de son dévouement à sa cité d’adoption, il trouve la mort dans la nuit du 11 au 12 décembre 1602 en défendant, avec d’autres civils volontaires, sa ville alors attaquée par surprise par les Savoyards. Une rue porte son nom à Genève.
Nicolas Corté