États-Unis : « Dans un film au quotidien »
Fanny et Aurélien Jolly ont quitté leur Haute-marne d’origine pour s’installer dans le Wisconsin, aux États-Unis. il était fromager à Chevillon. il l’est toujours, chez Montchevré, une usine de fromage de chèvre. Histoire d’un parcours original.
Le Journal de la Haute-Marne : Racontez-nous. Qui êtes-vous et quel a été votre itinéraire en
Haute-Marne ?
Fanny Jolly : Nous sommes originaires de Haute Marne. Mon mari de Soncourt-sur-Marne et
moi de Clefmont. On a respectivement 29 et 28 ans. Aurélien a fait un bac S au lycée Charle-
de-Gaulle de Chaumont, puis un BTS “Qualité industries agroalimentaires” à Troyes. Ensuite, de
2008 à 2012, il a travaillé en tant que fromager à Chevillon chez “Les fromagers de Chevillon”.
Puis, jusqu’en 2014, il est devenu chef d’équipe chez Entremont à Langres et enfin, jusqu’en 2016,
responsable “fabrication” chez CFR à Benestroff, en Moselle.
Pour ma part, j’ai effectué un bac STT au lycée Bouchardon de Chaumont. J’ai travaillé ensuite dans le secteur médico-social, notamment au Foyer d’hébergement de Breuvannes-en-Bassigny. J’ai ensuite fait
une formation d’aide médico-psychologique au Greta de Chaumont. Depuis, je m’occupe de mes deux filles, Lina et Zelie, de 4 ans et 16 mois.
Le JHM : Depuis quelques mois, vous vivez votre rêve américain. Pourquoi ce départ vers le Wisconsin, à côté de Madison ?
F. J. : Nous souhaitions vivre une expérience familiale et professionnelle à l’étranger. Mon mari a reçu l’année dernière une proposition pour un poste aux États-Unis, un projet qui a finalement avorté, mais nous a confortés dans l’idée de partir. Depuis, nous sommes restés en veille sur les opportunités qui
pouvaient s’offrir à nous dans le secteur laitier, et nous avons été contactés en février par la société Montchevré Betin Inc, une société américaine dirigée par des Français expatriés aux États-Unis. Important : l’employeur a subventionné notre visa de travail.
États-Unis : culture différente
Le JHM : Quelles sont les différences de culture qui vous ont le plus marqués ?
F.J. : Ici tout est démesuré et on a l’impression de vivre dans un film au quotidien… J’ai d’ailleurs
fait une vidéo sur les dix différences entre la France et les États-Unis. Entre autres : la façon
de dire bonjour (on ne fait pas la bise ici), les routes XXL, tout est fait pour les familles ici. Les
enfants sont super bien acceptés partout (jeux, restaurants…) L’accueil des Américains est formidable. Ici, ils te saluent dans la rue sans même te connaître. Tu peux aussi faire tes courses à 3 h du matin. Les supermarchés sont ouverts 24 heures sur 24. Tu peux sortir en pyjama sans être jugé. Nous espérons rester quelques années, voire plus si affinité…
Le JHM : Un mot sur la profession de votre mari. Est-ce que travailler le lait aux États-Unis est différent des techniques françaises ?
F. J. : Les techniques de fabrication et les outils de production sont les mêmes qu’en France, mais les réglementations et les exigences des clients étant plus importantes, cela implique une rigueur et des méthodes de travail différentes.
Le JHM : Les agriculteurs haut-marnais traversent actuellement une passe difficile. Est-ce qu’aux États-Unis, ils sont mieux considérés ?
F. J. : Il est difficile de faire une comparaison avec le système laitier français tellement il est différent. Mais les relations entreprises/producteurs sont très bonnes ici contrairement à ce qui se passe en France.
L’entreprise connaît personnellement chaque producteur et les rencontre plusieurs fois par an. La qualité du lait de chèvre est une des priorités de Montchevré.
L’entreprise attache beaucoup d’importance au bien-être des producteurs et avoir un prix du lait leur garantissant des revenus convenables est essentiel. Aussi Montchevré développe un lait non-OGM et “organic”, ce qui correspond au bio en France. A noter que tous les vendredis un producteur est mis en valeur sur le réseau social Facebook de Montchevré
avec l’histoire, la famille, des photos…
Propos recueillis par Frédéric Thévenin
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