Vignerons de père en fille

Dans le vignoble haut-marnais d’appellation Champagne, les vendanges ont duré une dizaine de jours, pour prendre fin, chez la plupart des viticulteurs, ce dimanche 4 septembre. « Juste avant la messe ! », a plaisanté David Mocquart, rencontré devant son pressoir traditionnel avec sa fille Blandine, qui vient d’obtenir son diplôme d’œnologue avec mention. « Blandine va reprendre le flambeau, a ajouté le vigneron, elle va se charger de tout le processus de vinification et aussi aider sa mère, Valérie, pour l’administratif. Elle est restée avec nous tout le mois d’août. Elle va aussi développer de nouvelles cuvées, avec de nouvelles médailles à la clé j’espère ! » Une fierté pour David Mocquart, qui avait lui-même pris la relève, à l’âge de 18 ans, de son père Jean-Pierre, le premier vigneron haut-marnais de profession.

Une passion en commun

A Rizaucourt, Adeline et Nicolas Bass travaillent également de concert et en famille. Ils ont construit leur bâtiment il y a maintenant dix ans « sans architecte, on avait tous les plans dans la tête », a expliqué Nicolas Bass à la préfète, Anne Cornet, venue visiter leur exploitation jeudi, en compagnie du directeur départemental des territoires, Xavier Logerot.

« Malgré des températures supérieures à 40°c, on a une belle qualité de raisin, la pluie d’août a fait beaucoup de bien. On a une excellente densité en sucre. A voir sur le long terme, avant fermentation », a ajouté le viticulteur. Son épouse a également beaucoup échangé avec la préfète. Elle lance aujourd’hui sa nouvelle gamme de Champagne (Adeline Koechlin) en poursuivant le travail de ses parents, qui viennent de prendre leur retraite. Les premières bouteilles seront commercialisées en mai 2023. « Le département peut être fier d’avoir de jeunes couples entreprenants et entrepreneurs tels que vous », a commenté la préfète ; ils « ne comptent pas leurs heures et perpétuent la tradition tout en étant ancrés dans la modernité, capables d’exister ensemble et chacun de son côté pour produire du rêve ».

Les amis à la rescousse

Cette année, les coteaux situés à proximité d’Argentolles ont plus souffert que les autres des aléas climatiques, avec un épisode de grêle qui a effeuillé les pieds de vigne, plus vulnérables ensuite à la brûlure du soleil. Néanmoins, comme a pu en témoigner Henri Hudelet, « la qualité est là, même si le raisin manque un peu d’acidité, il n’y a pas eu de pourriture ».

Chez Hudelet, on s’efforce depuis 40 ans de recruter les gens du coin, bien que ce soit de plus en plus difficile : « On a lancé un appel à l’aide sur Facebook mais on n’a eu aucun retour, à part un jour par ci par là, c’est compliqué quand on doit être au moins 20 chaque jour », ont déploré Henri Hudelet et son père Hervé.

Ainsi ce sont les amis fidèles, pour la plupart retraités de plus de 60 ans, qui sont revenus dans les vignes pour donner un coup de main. C’est cet esprit d’entraide et de convivialité qu’apprécie Nicolas Lacroix : le président du Conseil départemental a offert son aide aux vendangeurs toute la journée de mercredi, comme il prend plaisir à le faire chaque année quand il peut se libérer. « C’est presque une journée de vacances pour moi. J’apprécie beaucoup ces familles de vignerons, qui sont d’ailleurs partenaires du Département lors de tous nos salons. Et puis on a la chance d’avoir du champagne dans notre département, c’est une réelle plus-value. »