Courant alternatif – l’édito de Patrice Chabanet
Déconnexion, reconnexion. La centrale de Zaporijjia est une réduction caricaturale de la situation en Ukraine. Panne de courant, raccordement au réseau et ainsi de suite. Le pays agressé par la Russie vit au rythme des soubresauts qui le baladent de l’espoir à l’amertume. Officiellement c’est la proximité des combats qui fait peser des menaces sur le fonctionnement de la centrale et de son système de refroidissement. Ces attaques à quelques centaines de mètres des installations sensibles ne se résument pas à des enjeux militaires. Elles prennent aussi, bien sûr, une dimension politique. A ce jeu le leader ukrainien, Volodymyr Zelensky, prend des risques. On comprend sa détermination à bouter la Russie hors de son pays. Son peuple le suit. Mais la communauté internationale n’entend pas se laisser entraîner dans un conflit qui prendrait une autre dimension avec un incident nucléaire. Pour les opinions publiques occidentales, ce serait franchir une ligne rouge.
Poutine est sans doute devenu un criminel de guerre (déportation de dizaines de milliers d’Ukrainiens, disparition de nombreux prisonniers, etc.). Il n’en demeure pas moins un redoutable et patient stratège. Il tente de pousser à la faute l’Ukraine. Il peut compter aussi sur la complicité de la sphère souverainiste disséminée dans toute l’Europe.
L’intérêt de Kiev est de ne pas confondre vitesse et précipitation. La Russie est intrinsèquement faible. Elle peine à reconstituer ses forces. Nombreux sont les jeunes Russes qui préfèrent s’exiler plutôt que de s’enrôler dans l’armée. C’est un signe qui ne trompe pas. Les Ukrainiens doivent apprendre la patience. Chi va piano va sano.