Les Jardins de Chamarandes, un cadre bucolique
Visite insolite. Pour clôturer les visites insolites de l’été, Geneviève de Rouvre ouvre les portes des Jardins de Chamarandes. Le parc du château construit en 1740 accueille ponctuellement du public, lui offrant un voyage dans le temps grâce à la conservation de plusieurs éléments d’origine.
Le château de Chamarandes aurait pu connaitre un triste sort si un médecin ne s’en était pas entiché en 1960. Près de trois siècles après sa construction, le château se trouvait en ruine. Le nouveau propriétaire se lance alors dans des travaux titanesques. Si à l’extérieur il reste beaucoup d’éléments anciens, comme les gouttières, l’intérieur a été refait dans un style moderne. Il y a une quinzaine d’années, l’édifice a été vendu à Geneviève de Rouvre. La nouvelle propriétaire aime ouvrir les portes du parc et conter son histoire.
« Le médecin a abattu les ailes latérales pour faire sa résidence », raconte Geneviève de Rouvre. Il reste des traces de ces ailes dont la structure est typique de Jean-Baptiste Bouchardon, l’architecte du château. « Nous voyons qu’il y a des petits décrochages vers l’avant qui formaient les murs des ailes », montre l’actuelle propriétaire. Les arches de ce vestige sont devenues décoratives et entourent l’actuelle cour Ouest. « Avant, c’était une sorte de bassecour, puis ça a été transformé en cour d’honneur par le médecin », précise Geneviève de Rouvre au sujet de l’espace autrefois entouré par les ailes latérales.
C’est d’ailleurs loin d’être le seul chantier entrepris par le précédent propriétaire. « Il a aussi abattu tout ce qui ne tenait plus debout, tout en gardant quelques éléments pittoresques. » Ainsi, là où se trouvait une ancienne ferme, il ne reste aujourd’hui qu’un mur. Toutes les pierres récupérées lors de ce chantier ont été réutilisées, notamment pour faire un petit îlot de verdure délimité par des murs.
Des statues en vannerie
Le château est entouré d’un parc de quatre hectares, mêlant différents petits jardins et cours d’eau. Dans un coin, se trouve le jardin des fleurs de maison, comme des roses ou des dahlias. Dans un autre, des arbres fruitiers. Et du côté de la façade Est se trouve un jardin à la française. « La plus belle façade du château », apprécie Geneviève de Rouvre. Qui indique : « C’est celle que nous privilégions, notamment quand nous louons le parc pour des réceptions ».
Ce jardin classique a également eu sa touche de modernité, mais de manière plutôt forcée. A l’origine, s’y trouvait trois statues représentant Apollon, et les nymphes Flore et Pomone. Aujourd’hui, toutes trois ont été assignées à de nouvelles résidences. Deux d’entre elles ont été transportée au Château de Joinville et une autre au Conseil départemental, à Chaumont.
Ne voulant pas faire de reproductions de ces statues qui, de fait, enlèvent le charme de l’ancien, Geneviève de Rouvre a préféré mettre à l’honneur un savoir haut-marnais : la vannerie. De nouvelles représentations d’Apollon, Flore et Pomone tressées en osier agrémentent aujourd’hui le parc. Le dieu grec des arts, de la musique et du chant a retrouvé sa place dans la cour Est. Les deux autres ont quitté leur place d’origine qui se trouvait aux côtés de la divinité pour un endroit inspirant plus d’intimité, derrière les jardins de fleurs.
A l’opposé de l’histoire des statues, un petit pavillon mosan du XVIIIe a été déplacé aux Jardins de Chamarandes.
Quelques visites dans l’année
« Les quelques fois de l’année où j’ouvre les portes au public, 400 personnes viennent d’un coup. Ça fait de beaux moments de convivialité ! » Pour visiter les Jardins de Chamarandes, des dates annuelles sont à noter. Chaque premier week-end de juin, Geneviève de Rouvre participe à l’événement « Rendez-vous aux jardins », une manifestation annuelle organisée par le ministère de la Culture et de la Communication et le Comité des parcs et jardins. Aussi, chaque dernier week-end d’avril, une vente de plantes au profit de l’association Innovatis Basilica est organisée. Par ailleurs, en ce mois d’août, le premier concours régional de pétanque de Haute-Marne s’est déroulé dans le jardin. Cette première édition pourrait être reconduite. A guetter l’été prochain donc.
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr
Un château construit pour un marquis fraichement anobli
Bâti en 1740 sous la houlette de l’architecte Jean-Baptiste Bouchardon, le château a été construit pour le marquis de Poiresson. Lieutenant et haut fonctionnaire à la cour de Louis XV, l’homme fut anobli par le roi. Si le nouveau marquis a gagné un titre de noblesse, il n’a pas encore le château allant avec. C’était presque une règle dans l’aristocratie. Le nouveau marquis ne voulait pas y faire exception. Propriétaire des terres entourant Chamarandes, il s’y est alors fait construire son bien rêvé. A cette époque, le domaine du château comptait également le moulin du village, un pigeonnier, des écuries, des fermes…