En baver – L’édito de Christophe Bonnefoy
On pourra toujours disséquer le moment, le contenu, les mots utilisés. Mais Emmanuel Macron, en préambule du Conseil des ministres ce mercredi, a énoncé une chose très simple. En substance : « Vous allez en baver ».
Ceci dit, les Français – pas tous, certes – en bavent déjà depuis un moment même si, comme on dit, il y a toujours pire ailleurs. Deux années tristement intenses de pandémie nous ont laissés sur les genoux. La guerre en Ukraine a changé la donne dans bien des domaines, économique notamment. Le conflit a parfois bon dos, mais il faut avouer qu’il n’a pas aidé à contenir l’inflation. Au contraire. Le dérèglement climatique ? On le prend de plein fouet. Ça n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenus que les temps – le temps – allaient changer.
C’est la fin des vacances ? Ça risque surtout d’être, selon les termes du président, la fin de l’« insouciance ». De l’« abondance ». De l’« évidence ». Ce qui veut à la fois tout dire et rien dire. Mais on devine l’idée directrice.
Pour autant, ce qui peut apparaître frappé au coin du bon sens risque d’être très mal accepté, alors que les revendications montent en puissance à l’approche du 1er septembre. Cette rentrée sociale est annoncée comme très, très chaude.
En tenant un discours très sombre finalement, Emmanuel Macron tente peut-être de modérer les ardeurs des syndicats et de court-circuiter les revendications des salariés. Façon de dire : n’essayez même pas, c’est voué à l’échec.
Approche dangereuse toutefois. Il arrive un moment, pour résumer à l’extrême, où c’est ce qu’on a dans l’assiette (et dans le portefeuille) qui guide le bon sens – et oriente la réaction – des Français. Malgré toute la compréhension et la conscience qu’ils peuvent avoir de la situation économique.