Date fatidique – L’édito de Patrice Chabanet
Il y a des anniversaires qui n’ont rien de festif. Il en est ainsi en Ukraine qui célèbre aujourd’hui le 31e anniversaire de son indépendance. Les dirigeants s’attendent à un « gros coup » de l’armée russe, pour faire oublier ses revers sur le terrain. Mais dans une région du monde où l’imprévu dérègle le bel ordonnancement des prévisions, il se peut que cet anniversaire soit un jour comme un autre. L’exemple nous vient du 9 mai, date (en Russie) de la fin de la Deuxième Guerre mondiale. On s’attendait au pire. Rien ne s’est passé.
En admettant que Poutine veuille finalement montrer ses muscles, en a-t-il les moyens ? On peut en douter. Depuis plusieurs semaines son armée ne progresse pas. Le moral des soldats est au plus bas, avec de jeunes recrues incapables de comprendre la mission qui leur est confiée.
Objectivement, les Ukrainiens ont les meilleures cartes en main, dont celle d’un soutien populaire puissant et, ce qui n’est pas négligeable, les livraisons d’armes occidentales les plus sophistiquées. De quoi attendre sereinement un éventuel coup de force russe. En face, Poutine est placé face à une alternative terrible : intervenir, avec le risque d’une nouvelle déconvenue ou ne rien faire, avouant par là même que la Russie dégringole un peu plus de sa position de deuxième puissance militaire mondiale.
Dans ce méli-mélo d’hypothèses ou de supputations, une réalité prend corps chaque jour un peu plus : le conflit ukrainien s’enfonce dans une guerre d’usure. Chaque camp prépare l’hiver. L’épopée napoléonienne et l’aventure hitlérienne sont là pour nous rappeler qu’à partir de novembre, le plus dur reste à prévoir pour les deux camps.