Entretien du sentier de La Liez : mission sous contrainte
Incapable de se passer de nature, François Didier arpente les alentours de La Liez, où il fréquente régulièrement son sentier pédestre. Mais ses sorties sont minées par le spectacle de bois mort et broussailles autour. Du gâchis, s’époumone-t-il, sans compter les risques qui pèsent sur les promeneurs. Le PETR rappelle le contexte contraint de sa mission d’entretien.
« Pour peu qu’il y ait une étincelle… ». Sur le chemin qui mène au sentier de La Liez, face à des espaces boisés où les broussailles côtoient des arbres morts abandonnés, François Didier s’alarme : il a le sentiment que tous les ingrédients d’un incendie sont réunis. Et puis il y a ces piles de rondins, de troncs parfois… qui se détériorent sur place. « Quel gâchis ! On dit qu’il faut exploiter le bois… et voilà le résultat. Ce n’est pas du boulot ! ». Plus loin, exactement sur le sentier cette fois, il recense les branches presqu’aussi grosses que des troncs, qui se sont affaissées sur d’autres arbres, qu’on croirait toute prêtes à tomber par terre. Or, les promeneurs sont légion ici. François Didier en a après le pôle d’équilibre territorial et rural du Pays de Langres (PETR), qui a la charge d’entretenir le sentier. En revanche, rien que le sentier, et sous contraintes : son responsable du tourisme Emmanuel Probert l’explique.
Foyer incendie ? Non, « pare-feu anti-intrusion »
« C’est Voies navigables de France (VNF) qui autorise les usagers à emprunter ce sentier, suivant une convention nouée avec les communes environnantes (1), puis ces dernières font appel au PETR pour l’entretenir ». Or, le PETR est soumis à des contraintes « fortes » pour assurer sa mission, souligne le responsable du tourisme. « On a le droit d’agir sur 140 cm de sentier en moyenne ». Or, « l’Etat prend soin de conserver des massifs denses pour préserver la biodiversité ». En clair, là où François Didier voit des foyers potentiels d’incendies, le PETR voit « une sorte de pare-feu anti intrusion ». Par ailleurs, « le PETR avait demandé à un expert d’effectuer un repérage forestier », sachant que la chalarose du frêne fait des ravages. « Il y a environ deux ans, on avait rappelé aux propriétaires la règle : les conséquences de la chute d’un arbre sont de la responsabilité de celui à qui il appartient. L’information a ensuite été diffusée aux communes ». De son côté, le PETR « a fait tomber un paquet de petits arbres -des frênes malades souvent ». Les faiblesses de l’exploitation du bois n’avait pas non plus échappé à la collectivité du Pays de Langres. « Faire pénétrer des engins mécaniques est impossible, peut-être faudrait-il des chevaux ? » En tout état de cause, pour nettoyer les parties boisées, il faudrait engager beaucoup d’argent pour un retour sur investissement incomparable au plan sonnant et trébuchant. « Pareillement, si l’on enlève les souches, il faut avoir recours à des engins mécaniques, et… que resterait-il ? Des trous. Dans lesquels l’eau pourrait s’infiltrer, et pour peu qu’il y en ait plusieurs, ça provoquerait des ravinements ». Au contraire, soutient Emmanuel Probert, « en les conservant, leurs écosystèmes sont préservés, on peut même espérer qu’ils fassent des rejets ». Au total, sur ce sentier, « on est sur un espace naturel ». Même s’il faut composer « avec la pression touristique », parfois encline à vouloir une voie propre comme une autoroute en pleine nature. Le PETR sait toutefois s’en débrouiller, assure le responsable du tourisme, en trouvant « l’équilibre ».
(1) Peigney, Orbigny-au-Val, Lecey, Chatenay-Vaudin, Saint-Maurice.
Fabienne Ausserre
f.ausserre@jhm.fr