« J’ai commencé la photo par passion »
Culture. Le 19 août célèbre la journée mondiale de la photographie. Parmi les passionnés de clichés se trouvent beaucoup d’amateurs, mais aussi professionnels. Tous sont de plus en plus influencés par les réseaux sociaux. Les flashs des Chaumontais ne font pas exception !
Julien Bouring, Léo Poirson et Norine Martin ont un point commun : l’amour de la photo. A l’occasion de la journée mondiale de la photographie, célébrée ce 19 août, ils racontent leur passion qui est en pleine évolution avec les réseaux sociaux.
« J’ai commencé la photo par passion, avec des paysages. Puis je suis allée vers la photo équestre et les portraits », raconte Norine Martin, photographe amatrice à Chaumont. Pour Julien Bouring, photographe animalier à Châteauvillain, l’art de manier l’objectif a l’effet d’une drogue. « Une fois qu’on a démarré, c’est difficile d’arrêter. D’avril à fin novembre, je ne peux pas m’en pas m’empêcher d’aller en forêt pour prendre des photos. »
Photographes amateurs, tous deux ont dans un coin de la tête l’idée de devenir professionnel. « Si je pouvais, j’aimerais bien vivre de la photo », confie Julien Bouring. Pour Léo Poirson, photographe semi-professionnel à Chaumont, cette nuance ne devrait pas en être une. « Je ne pense pas qu’il faut s’attarder à faire une différence entre amateur et professionnel. Ce qui compte, c’est la pratique. J’imagine qu’il y a de meilleurs photographes amateurs que professionnels. »
Concilier plaisir, visibilité et argent
« J’ai monté une structure pour devenir professionnel, mais je n’ai pas vu la réalité des choses », explique-t-il. En effet, pour casser la croute, les photographes doivent s’orienter vers ce qui paie : mariage, produits ou portraits. Des champs parfois éloignés de l’essence de leur passion.
Le photographe semi-professionnel est clair : « La photo de mariage ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus. Je n’en fais pas, mais je me coupe d’une part importante du marché ». Il a alors fait le choix de continuer ce qui le faisait le plus vibrer, soit, majoritairement, de la photo de rue, à Chaumont.
Influencés par le besoin de trouver ce qui se vend, les photographes sont également guidés par les exigences des réseaux sociaux, des outils aujourd’hui indispensables pour se faire connaître. « On produit du contenu en pensant aux attentes de la communauté », reconnait Flavie Martin, Miss Champagne-Ardenne 2021 et influenceuse travaillant avec cinq photographes.
Sa sœur photographe, Norine Martin, explicite cette idée. « Les réseaux sociaux, surtout Instagram, c’est un peu comme le dress code de la société. Il y a des tenues et des lumières à respecter. La photo doit être similaire à ce qui se fait, tout en étant différente. » Elle reconnait que ça peut brider la créativité : « On se restreint à reproduire ce qui plait. Avant, il y avait plus de libertés. »
Sous le joug des algorithmes
A cette pression sociale s’en ajoute une autre d’ordre informatique. « Sur les réseaux sociaux, les histoires d’algorithmes et de mots clés, c’est une sacrée cuisine », pointe Léo Poirson. Autrement dit, pour qu’un contenu gagne en visibilité des règles doivent être respectées. Sur Instagram, la photographie doit être prise en vertical, sinon « le format découpe les côtés », note Julien Bouring, qui ne s’en inquiète pas plus que ça : « le sujet reste au milieu, ça me va ».
Les réseaux sociaux poussent également davantage sur la vidéo, car le format permet de garder plus longtemps les utilisateurs sur les plateformes. Ce changement c’est accentué avec le succès du réseau social chinois de vidéos courtes, TikTok. Les réseaux sociaux historiques, comme Instagram, s’alignent. Résultat : les vidéos sont davantage poussées sur les pages d’accueil.
« Quand j’ai fait des vidéos, j’avais beaucoup plus de vues », observe Léo Poirson. Même constat pour Flavie Martin qui s’adapte. « Il y a six mois, je ne faisais pas de vidéos. Aujourd’hui, 35 % de mon contenu est vidéo et j’en fait de plus en plus ».
Léo Poirson a jeté l’éponge sur toutes ces exigences. « Je me suis détaché de cette volonté de plaire. Mon intérêt est de porter un message qui a du sens pour moi. Si ça parle aux gens, tant mieux. Si ça ne leur parle pas, tant pis. »
Julia Guinamard
j.guinamard@jhm.fr