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Violences sur sa mère, sur sa compagne : il part en prison pour 1 an

Parce qu’il faut stopper l’escalade, le tribunal judiciaire de Chaumont a condamné un Langrois pour des violences sur sa mère et sur sa compagne, en récidive. Interpellé par les gendarmes de Langres le 10 et le 15 août, il a comparu en urgence, mercredi 17 août.

« La garde-à-vue de Kevin D. a commencé sans qu’il soit assisté d’un avocat. Cette carence lui a nécessairement causé un grief ». Dans la salle d’audience du tribunal judiciaire de Chaumont, mercredi 17 août, Me Julien Michel, qui intervient dans le cadre de la permanence pénale, vient de découvrir les faits reprochés au Langrois Kevin D. : des violences sur sa mère, dans la nuit du 9 au 10 août, et des violences aggravées sur sa compagne, le 15 août. Le conseil demande d’abord l’annulation de l’audition du 10 août. Ce jour-là, les services de gendarmerie langrois téléphonent à son « avocat choisi », mais atterrissant sur son répondeur… ils en restent là, proteste en substance le défenseur. Conjointement, son client maintient ne pas avoir porté de coups à sa mère le 10 août. En revanche, oui, il s’est rendu chez elle car, après avoir tenté de la joindre à 13 reprises, elle ne répondait toujours pas. Or, c’est, avance-t-il, le signe qu’ « elle est ivre ».

La mère évoque « des coups de boule »

« Comme vous êtes en garde-à-vue le 10 août, les gendarmes en profitent pour vous questionner sur des faits signalés par votre mère à un travailleur social, fin 2021. Vous seriez violent. Il y aurait des traces de coups de poing dans son appartement ». La présidente du tribunal Louise Lena souligne que sa mère « a très peur » de son fils. En avril 2022, celle-ci a déclaré qu’il lui « tirait les cheveux en arrière, la tapait avec le plat de la main ». Son frère, avec lequel il a vécu chez leur mère 5 mois, a de son côté évoqué « des coups de boule, des coups de pied » et tutti quanti. « Vous l’avez reconnu en garde-à-vue le 10 août ». Sauf que, depuis le box des accusés, Kevin soutient qu’il disait oui aux faits de violences sur sa mère… pour lesquels il a déjà été jugé en 2020. La présidente Lena fait alors état de témoignages recueillis par les enquêteurs. « Une voisine entend crier Arrête ! sur le ton du désespoir, et vous, qui répliquez : Ferme ta g… Sale p… Un autre entend : Va crever s… ». Kevin enverrait valser les objets dans les murs, aussi. « On ne parle pas comme ça à sa mère », réagit-il. Ladite mère ne s’est pas portée partie civile.

« Vous avez peur de l’abandon »

« Je vais te tuer ». À plusieurs reprises, une voisine entend Kevin menacer sa compagne. Cette fois, c’est le 15 août. Alertés, les gendarmes arrivent aussitôt, et sonnent à la porte de l’appartement. Il est 23 h 15. Sa compagne ouvre : « tout va bien », leur dit-elle. Pourtant, son compagnon « pensait » au jour de sa comparution pour les faits de violences sur sa mère qui lui étaient reprochés, l’audience approchait, relate la présidente Lena. « On a commencé à s’eng… dans la voiture, puis on est rentré, on a mangé… et après, c’est reparti. Sauf que là, ça a été plus violent ». Et le prévenu de poursuivre : « je l’ai poussée dans le canapé, et dans le couloir ». Kevin met en cause l’alcool qu’il avait consommé. « Votre compagne voulait sortir avec une copine, vous l’avez retenue. Elle n’avait plus de force, vous lui avez secoué la tête dans l’ascenseur, que vous avez ensuite tapée contre le mur. Vous avez cessé quand les gendarmes sont arrivés ». Les murs en auraient tremblé. Contusions, traumatismes divers, sa compagne se verra prescrire 7 jours d’ITT. Elle n’a pas porté plainte. « Vous dites qu’elle vous apporte beaucoup, mais que, comme votre mère, elle vous exaspère ». Dans le même temps, « vous avez peur de l’abandon ». Le casier judiciaire de Kevin mentionne notamment une comparution sur reconnaissance de culpabilité en 2020 pour violences sur sa mère, une autre en mai 2022, pour des faits identiques sur sa compagne, il a écopé de 8 mois de prison avec sursis, qui risquent, aujourd’hui, de tomber. La présidente fait état du passé douloureux de celui-ci : absence de père, placement très jeune à cause des violences que lui infligeait sa mère. Aujourd’hui, Kevin tente de l’aider en faisant ses courses, il est en CDI intérimaire, et consulte un psychologue. Il est empêché de voir ses enfants d’un précédent couple. « Il y a des choses positives… et ces colères ! Vous encourez 5 ans de prison ».

« Ce n’est pas du ramdam, ce sont des cris de désespoir ! »

« L’article du code civil sur le respect dû à ses parents n’a pas été réécrit… ». Dans son réquisitoire, le ministère public demande la jonction des deux affaires. « Ce n’est pas du ramdam qu’entendent les voisins, ce sont des cris de désespoir. Si le prévenu nie les faits de la nuit du 9 au 10 août, il y a des éléments factuels ». Ainsi, poursuit l’accusation, c’est sa mère qui prévient ce soir-là les gendarmes. Il était arrivé chez elle « plutôt remonté » car « elle n’avait pas daigné décrocher son téléphone ». Pour les faits du 15 août, il « ne supporte pas que sa compagne s’en aille ». Avant d’asséner : « il ne peut pas dire, comme dans l’affaire de sa mère, qu’on veut l’enfoncer : le banc des parties civiles est vide ». Mois après mois, poursuit le représentant du parquet, « on réalise qu’il y a une escalade quasi exponentielle ». D’où des réquisitions « plus sévères » que par le passé, sachant que « le risque de récidive est très important », selon l’expertise psychologique. Il réclame 12 mois de prison avec sursis et la révocation partielle du précédent, à hauteur de 4 mois, et un mandat de dépôt.

« Si je vais en prison, je vais tout perdre »

« Aujourd’hui, vous n’avez pas à vous poser la question de savoir si (mon client) est un bon fils. La réponse est non. Ni s’il est une personne bien sous tous rapports : la réponse est non. Ni s’il est un bon voisin, c’est non. En revanche, vous devez vous demander quand il a commis des violences sur sa mère. Il n’y a pas de témoin pour l’étayer ». Pour une première incarcération, l’avocat estime les réquisitions « très excessives ». Derniers mots de Kevin D. : « Je ne suis pas près d’arrêter de regretter les faits du 15 août. J’ai 2 enfants, du travail et j’allais passer mon permis. Si je vais en prison, je vais tout perdre ».

Après en avoir délibéré, le tribunal a rejeté la demande en nullité de Me Julien Michel et condamné le prévenu à 18 mois de prison dont 10 mois de sursis (pendant deux ans) avec mandat de dépôt. A cette peine, s’ajoute la révocation partielle du précédent sursis, à hauteur de 4 mois. Le Langrois est donc parti en prison pour 1 an.

Fabienne Ausserre

f.ausserre@jhm.fr

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